- Pour la première fois les chercheurs sont parvenus à démontrer que notre perception du temps est fondée sur des stimuli et non sur le temps réel qui s'écoule.
- Cela se passe dans les neurones du gyrus supramarginal (SMG) du cortex pariétal.
- La répétition entraînerait une fatigue neuronale nous amenant à mal estimer le temps qui s’écoule.
Notre perception du temps est fortement biaisée. Elle est basée sur des stimuli entre plusieurs sons qui, après répétitions, fausse notre perception. Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à identifier les zones du cerveau en cause, en l’occurrence le cortex pariétal, situé à l'arrière du sommet du crâne. Les scientifiques américains et japonais y sont parvenus en examinant l’activité cérébrales par IRM et ont publié leurs résultats le 14 septembre dans le Journal of Neuroscience.
Une perception basée sur les stimuli
Comprendre comment notre cerveau perçoit le temps est essentiel mais demeure très complexe puisque cela dépend de nombreux facteurs. “La capacité à représenter précisément le temps est essentielle pour optimiser la perception et le contrôle moteur, estiment les chercheurs. Bien que les conséquences de ces facteurs contextuels aient été bien décrites sur le plan comportemental et intégrées dans les modèles de calcul du temps, l'origine neuronale de ces effets reste mal comprise.”
Les scientifiques sont parvenus à comprendre que notre cerveau perçoit un temps qui n’est pas celui qui s’écoule réellement. Des études antérieures ont mis en évidence le rôle du cortex pariétal dont les neurones du gyrus supramarginal (SMG) s’activent pour estimer le temps sans que les chercheurs puissent savoir s’il est calibré sur le temps réel ou sur son interprétation de celui-ci. Cette fois, ils sont parvenus à faire la différence. Pour cela, ils ont fait passer une IRM fonctionnelle à 20 volontaires qui ont été soumis à des stimuli visuels et auditifs, tous inférieurs à une seconde. C’est d’abord un rond gris qui s’est affiché 30 fois d’affilée pendant soit 250 millisecondes soit 750 millisecondes. Ensuite, ce rond est réapparu pour une durée choisie au hasard parmi quatre possibilités entre 350 et 650 millisecondes. Enfin, un bruit blanc d'une durée fixe de 500 millisecondes a été diffusé.
L'activité dans le SMG reflète notre expérience subjective du temps
Après la première phase, les volontaires ont eu tendance à surestimer la durée des ronds suivants. À l’inverse, lorsque les ronds sont apparus plus longtemps, les participants ont sous-estimé la durée des autres ronds. L’analyse des IRMf a confirmé cette perception biaisée du temps. Chez ceux sont l’erreur d’estimation a été la plus importante, la modulation de l’activité des neurones du SMG a également été la plus forte, prouvant leurs implications dans notre perception du temps. “Ces résultats suggèrent que l'activité dans le SMG reflète notre expérience subjective du temps”, ont conclu les chercheurs. Ces derniers estiment que le biais d'estimation de la durée perçue provient de l'altération des propriétés de réponse des neurones calibrés sur une durée. La répétition entraînerait une fatigue neuronale nous amenant à mal estimer le temps qui s’écoule.