Un état de santé optimal à l’âge adulte s’entretient dès l’enfance. Une étude menée par l'université d'Örebro (Suède) suggère que la dépression et l'anxiété à l’adolescence peuvent augmenter le risque de crise cardiaque à l'âge adulte. L’étude, publiée lors du congrès 2020 de la Société européenne de cardiologie, constitue selon la docteure Cecilia Bergh, de l’université d’Örebro, un avertissement pour les parents. “Soyez vigilants et recherchez des signes de stress, de dépression ou d'anxiété qui dépassent l'angoisse normale des adolescents, insiste la médecin. Demandez de l'aide s'il semble y avoir un problème persistant (les lignes d'assistance téléphonique peuvent être particulièrement utiles pendant la pandémie de Covid-19). Si un mode de vie sain est encouragé très tôt chez l’enfant et l’adolescent, il aura plus de chances de persister à l'âge adulte et d'améliorer la santé à long terme.”
Les chercheurs, qui ont étudié la possibilité que la dépression à la fin de l'adolescence (18 ou 19 ans) soit associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires à l'âge adulte, ont également signalé que le bien-être mental des adolescents était en déclin. Ils se sont penchés sur le rôle possible de la résilience au stress, qui peut être défini comme la capacité d'un individu à faire face au stress dans la vie quotidienne, et ont essayé de l'utiliser pour expliquer toute association entre la dépression des adolescents et les maladies cardiaques à l'âge adulte.
Un risque de crise cardiaque accru de 20% à cause du stress
Pour cette étude, les chercheurs ont examiné les dossiers de santé des 238 013 hommes nés entre 1952 et 1956. Ces personnes, pendant leur adolescence, s'étaient présentées à des examens approfondis effectués pour évaluer leur aptitude au service militaire obligatoire. Ils ont ensuite été suivis jusqu'à 58 ans.
Au début de la recherche, les conditions médicales, psychiatriques et physiques des participants ont été examinées par des médecins et des psychologues. Ces derniers ont également étudié leur résistance au stress lors d’un entretien, en basant leur questionnaire sur les caractéristiques familiales, médicales, sociales, comportementales et de personnalité des sujets.
Au total, 34 503 hommes ont été diagnostiqués comme souffrant d'un trouble mental non psychotique (comme la dépression ou l'anxiété) au moment de leur conscription, soit l’inscription au service militaire. Les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux de ces personnes lorsqu'elles sont devenues quinquagénaires ont constaté que leurs troubles mentaux à l'adolescence étaient associés à un risque plus élevé d'infarctus du myocarde (crise cardiaque) à l'âge adulte.
Des participants soumis au stress depuis l’adolescence
Par rapport aux hommes sans maladie mentale à l'adolescence, le risque de crise cardiaque était 20 % plus élevé chez ceux qui avaient souffert de dépression ou d'anxiété pendant leur adolescence. D'autres paramètres de santé tels que la pression artérielle, l'indice de masse corporelle, l'état de santé général et le statut socio-économique des parents ont également été pris en compte.
“L’association entre maladie mentale et crise cardiaque s'explique en partie — mais pas complètement — par une moindre résistance au stress et une moins bonne condition physique chez les adolescents souffrant d'une maladie mentale. Nous savions déjà que les hommes qui étaient en bonne santé physique à l'adolescence semblaient moins susceptibles de se maintenir en forme plus tard s'ils souffraient d’une faible résistance au stress, indique Cecilia Bergh. Nos recherches précédentes ont également montré qu'une faible résistance au stress était également associée à une plus grande tendance au comportement de dépendance, signalée par des risques plus élevés de tabagisme, de consommation d'alcool et d'autres drogues.”
“Une meilleure condition physique à l'adolescence contribue à protéger contre les maladies cardiaques ultérieures, en particulier si les gens restent en forme en vieillissant. L'activité physique peut également atténuer certaines des conséquences négatives du stress. Cela concerne tous les adolescents, mais ceux dont le bien-être est moins bon pourraient bénéficier d'un soutien supplémentaire pour encourager l'exercice physique et développer des stratégies pour faire face au stress”, conclut Cecilia Bergh.