- Les méthodes de détection actuelles de cette forme d’épilepsie ne parviennent à visualiser les changements induits par l'épilepsie dans le cerveau qu'après des dommages importants.
- Les résultats ont montré un hippocampe plus rigide dans le groupe des patients atteints d’épilepsie.
- L'ERM permet une détection plus précoce de la maladie, permettant une meilleure prise en charge.
L’hippocampe peut servir de porte d’entrée pour examiner la présence d’épilepsie temporale débutante. À l’aide d’une élastographie par résonance magnétique, une technique d’imagerie par ultrasons habituellement utilisée pour examiner le foie, il est possible de détecter cette pathologie en étudiant la rigidité de l’hippocampe. C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs américains de l’Institut Beckman de l’université de l’Illinois (Etats-Unis) dont les résultats ont été publiés le 2 septembre dans la revue NeuroImage Clinical.
Frapper la surface d'un étang et regarder les ondulations
Les méthodes de détection actuelles de cette forme d’épilepsie, qui incluent l'imagerie par résonance magnétique, ne parviennent à visualiser les changements induits par l'épilepsie dans le cerveau qu'après des dommages importants. Cela a pour conséquence que le diagnostic est tardif et complique la prise en charge du patient. “Les changements structurels dans le cerveau, en réponse aux crises, provoquent la mort des neurones et la formation de tissu cicatriciel, précise Graham Huesmann, auteur de l’étude. Au moment où nous voyons des changements sur l'IRM, la maladie est assez avancée. Nous voulions détecter ces changements plus tôt en utilisant l'ERM.”
Les chercheurs ont comparé l'hippocampe de patients atteints de l'une des formes les plus communes d'épilepsie résistante aux médicaments, dite épilepsie du lobe temporal avec sclérose temporale mésiale, à celle de patients sains. Pour cela, ils ont utilisé une ERM, une technique non-invasive délivrant des ultrasons grâce à un petit oreiller vibrant “envoyant les vibrations dans les tissus qui changent à mesure que la composition et l'organisation des tissus changent, ajoute Hillary Schwarb, qui participé à l’étude. C'est comme frapper la surface d'un étang et regarder les ondulations qui se forment. S'il y a un gros rocher sous la surface, ces ondulations vont bouger et changer.”
Une détection précoce
Les résultats ont montré un hippocampe plus rigide dans le groupe des patients atteints d’épilepsie. “L'hippocampe est la partie du cerveau impliquée dans la mémoire, précise Brad Sutton, l’un des auteurs de l’étude. Dans les premiers stades de l'épilepsie, il y a un peu de dommages à la structure, que nous pouvons détecter avec l’ERM.” Cette détection précoce est essentielle, notamment car cette maladie provoque des symptômes très légers au début. “Cela commence par un sentiment de déjà-vu, qui devient plus courant à mesure que la maladie progresse, décrit Graham Huesmann. Finalement, il se développe en une forme qui résiste aux médicaments. L’ERM nous permet de détecter ces changements plus tôt, ce qui nous permet de changer le cours du traitement.”
Les chercheurs se concentrent maintenant sur la façon d'optimiser la technique et examinent également d'autres types d'épilepsie. “Toutes nos techniques d'imagerie dépendent actuellement de l'examen de la chimie du cerveau et des images statiques du cerveau, avance Graham Huesmann. Utiliser l’ERM pour voir comment le cerveau bouge est une façon intéressante d'aborder ce problème. C'est aussi une technique peu coûteuse et peut donc être utilisée par n'importe qui.”