Naturellement présente dans les aliments gras d’origine végétale comme l’huile de tournesol, l’huile de noisette, de colza ou d’olive, ainsi que dans certains oléagineux comme les amandes, la vitamine E est réputée pour son action antioxydante et son effet protecteur des maladies cardiovasculaires.
D’après une nouvelle étude, menée par des scientifiques de l’université d'État de l'Oregon (États-Unis) sur des embryons de poissons-zèbres, elle est aussi primordiale pour que le cerveau et le système nerveux se développent sans anomalie. Publiés dans Scientific Reports, ces nouveaux travaux montrent que les poissons carencés en vitamine E ont des cerveaux et des systèmes nerveux malformés. "C'est tout à fait incroyable, le cerveau est absolument déformé physiquement par le manque de vitamine E", explique Maret Traber, professeure à l’université d'État de l'Oregon et autrice principale des travaux.
Des anomalies sur la crête neurale
Le poisson-zèbre est une petite espèce d’eau douce très utilisée dans la recherche car il partage une étonnante ressemblance avec les humains aux niveaux moléculaire, génétique et cellulaire. Les deux espèces partagent d’ailleurs 70 % de leurs gènes. De plus, son état embryonnaire présente un intérêt particulier car c’est un poisson qui se développe rapidement (5 jours), est transparent et facile à soigner.
Il a donc été aisé pour les scientifiques de voir sur le poisson-zèbre où se forme le cerveau et comment la vitamine E joue un rôle dans son développement.
Ils ont pu remarquer que chez l’embryon, une ébauche d’organe cérébral (le "primordium") et un tube neural apparaissent précocement, vont former le système nerveux et innerver tous les organes et structures du corps. Sans vitamine E, les embryons de poisson-zèbre présentaient des anomalies du tube neural et des défauts cérébraux. Ces anomalies sont semblables à celles observées sur le tube neural avec une carence en acide folique, explique la Pr Traber. "Maintenant, nous avons des images qui montrent les anomalies du tube neural et du cerveau et que la vitamine E se trouve sur les bords des cellules qui forment le cerveau", ajoute-t-elle.
Ces cellules constituent la crête neurale et sont impliquées dans la création des os et du cartilage du visage, et innervent le corps, construisant le système nerveux périphérique. Elles agissent "comme des cellules souches", et sont "importantes pour le cerveau, la moelle épinière", et le développement d’autres organes comme le cœur et le foie. "En faisant en sorte que ces cellules aient des problèmes de carence en vitamine E, c'est toute la formation de l'embryon qui est dérégulée. Il n'est pas étonnant que nous assistions à la mort des embryons en cas de carence en vitamine E."
Trouver les gènes impliqués
Les recherches des scientifiques ne sont pas encore terminées. Leur prochain objectif est de déterminer quels sont les gènes présents chez les poissons-zèbres sensibles à la carence en vitamine E. "Nous en sommes maintenant au point où nous sommes si proches de pouvoir dire exactement ce qui ne va pas quand il n'y a pas assez de vitamine E, mais en même temps nous en sommes très éloignés parce que nous n'avons pas trouvé quels sont les gènes qui changent. Ce que nous savons, c'est que les embryons déficients en vitamine E ont vécu jusqu'à 24 heures et ont commencé à mourir. À six heures, il n'y avait pas de différence, à 12 heures vous voyez les différences mais ils ne tuaient pas les animaux, et à 24 heures il y avait des changements dramatiques qui étaient sur le point de causer le point de basculement vers une catastrophe totale."