- Pour certains patients, la maladie commence dans les intestins et se propage jusqu'au cerveau.
- Pour d'autres, la maladie prend naissance dans le cerveau et se propage aux intestins et à d'autres organes comme le cœur.
- Chaque maladie doit avoir un traitement adapté.
Derrière Parkinson se cache en réalité deux maladies. Cette découverte explique pourquoi les patients font état de symptômes très différents et pourquoi les traitements génériques sont les moins efficaces. “Nous avons montré que la maladie de Parkinson peut être divisée en deux variantes, qui commencent à différents endroits du corps, détaille Per Borghammer, co-auteur de l’étude. Pour certains patients, la maladie commence dans les intestins et se propage jusqu'au cerveau. Pour d'autres, la maladie prend naissance dans le cerveau et se propage aux intestins et à d'autres organes comme le cœur.” Ce résultat est le fruit d’un travail mené par des chercheurs danois. L’étude a été publiée le 24 août dernier dans la revue de neurologie Brain.
Deux origines différentes
Pour cette étude, les chercheurs se sont appuyés sur “des techniques de numérisation avancées”, révèle Per Borghammer. Ils ont utilisé des techniques avancées d'imagerie TEP et IRM pour examiner les personnes atteintes de Parkinson. Les personnes qui n'ont pas encore été diagnostiquées mais qui présentent un risque élevé de développer la maladie ont également été incluses dans l'étude. Celles qui ont été diagnostiquées avec un syndrome de comportement de sommeil paradoxal ont un risque accru de développer la maladie. Pour rappel, Parkinson se caractérise par une lente détérioration du cerveau due à l'accumulation d'alpha-synucléine, une protéine qui endommage les cellules nerveuses. Cela conduit, notamment, aux mouvements lents et raides que de nombreuses personnes associent à la maladie.
Les résultats ont révélé que certains patients ont des dommages au système dopaminergique du cerveau avant que des dommages aux intestins et au cœur ne se produisent. Chez d'autres patients, des scans ont montré des dommages aux systèmes nerveux des intestins et du cœur avant que les dommages au système dopaminergique du cerveau ne soient visibles. “Jusqu’à présent, de nombreuses personnes considéraient la maladie comme relativement homogène et la définissaient sur la base des troubles du mouvement classiques, estime le chercheur. Mais en même temps, nous avons été perplexes quant aux raisons pour lesquelles il y avait une si grande différence entre les symptômes des patients. Avec ces nouvelles connaissances, les différents symptômes ont plus de sens et c'est aussi la perspective dans laquelle les recherches futures devraient être envisagées.”
Body first et brain first
Les chercheurs ont nommé les deux maladies en fonction de leur lieu d’apparition : “body first”, pour celle qui naît dans l’intestin, et “brain first” pour celle qui se développe d’abord dans le cerveau. Pour la première, l’étude du microbiote permet une meilleure compréhension de la pathologie et peut-être la clé des futurs traitements. “Il a été démontré depuis longtemps que les patients atteints de Parkinson ont un microbiome intestinal différent de celui des personnes en bonne santé, sans que nous en comprenions vraiment la signification, avance Per Borghammer. Maintenant que nous sommes en mesure d'identifier les deux types de maladie, nous pouvons examiner le risque et les facteurs génétiques possibles qui peuvent être différents. L'étape suivante consiste à examiner si, par exemple, Parkinson ‘body first’ peut être traitée par les intestins avec, par exemple, une transplantation de fèces ou par d'autres moyens qui affectent le microbiome.”
Pour l’autre maladie, la “brain first”, la problématique est différente et s’avère plus compliquée. “La découverte de Parkinson ‘brain first’ est un défi plus important, confirme le chercheur. Cette variante de la maladie est relativement sans symptôme jusqu'à ce que les symptômes du trouble du mouvement apparaissent et que le patient soit diagnostiqué. Il sera donc plus difficile de trouver des patients suffisamment tôt pour pouvoir ralentir la maladie.”