La période de confinement a bouleversé nos habitudes. Elle a également changé celles des hôpitaux avec pour conséquence la chute de près d’un tiers (30%) des admissions pour crises cardiaques. Cette conclusion est le résultat d’une étude menée par une cohorte de 21 centres hospitaliers à travers la France et publiée le 17 septembre dans la revue The Lancet Public Health.
La peur des hôpitaux
Les chercheurs ont étudié les hospitalisations pour crise cardiaque entre le 17 mars, le premier jour de confinement, et le 12 avril. En comparaison avec les chiffres d’avant confinement, le nombre d’admissions est passé de 686 à 481, soit une baisse de 30%. Cette diminution a été constatée sur tout le territoire, même dans les régions où les hôpitaux n’étaient pas saturés, comme à Bordeaux. Pour expliquer cette chute, les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. Ils estiment que la peur d’aller dans les services d’urgence et de contracter la Covid-19 est l’une des raisons principales. “Cette inquiétude pourrait avoir été amplifiée par le message global adressé aux gens pour qu'ils restent chez eux”, notent les auteurs.
Un autre facteur avancé est la peur de déranger et se dire que les symptômes que l’on ressent sont probablement causés par le stress induit par la situation sanitaire exceptionnelle. “Si, par exemple, un infarctus se manifeste par une douleur dans la poitrine ou une difficulté à respirer, on peut se dire ‘finalement je suis [juste] stressé par la situation actuelle’”, considère Claire Mounier Véhier, cardiologue au CHU de Lille. Certains symptômes de la crise cardiaque sont relativement léger, pouvant conduire les personnes à ne pas se rendre compte de ce qui se passe. “Les symptômes de l’infarctus chez la femme notamment, sont extrêmement sournois et trompeurs : c’est une oppression dans la poitrine, un essoufflement à l’effort”, poursuit-t-elle.
Moins de stress professionnel
Une autre piste envisagée par les chercheurs est la diminution du stress pendant cette période. “Les autres hypothèses, c'est qu'il y a eu réellement une baisse des survenues d'infarctus du myocarde, et pas seulement des hospitalisations pour infarctus parce que les gens étaient confinés, chez eux, donc ne faisaient plus d'efforts violents, précise le professeur Nicolas Danchin, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou et coordinateur de l'étude. Il y avait peut-être moins de stress professionnel pour certaines personnes. Il y avait aussi, et ça a été constaté très rapidement après le début du confinement, une diminution de la pollution : or, on sait que la pollution de l'air peut déclencher des infarctus du myocarde.”