Présentés au congrès de l’ESMO (Société européenne d'oncologie médicale), les résultats préliminaires du Projet PIONeeR dégagent de nouveaux biomarqueurs susceptibles de prédire si un patient atteint d’un cancer du poumon peut avoir recours à l’immunothérapie. On parle ici d’un seul type de cancer spécifique, le “cancer du poumon non à petites cellules”.
Pour 30 à 50% des patients, l’immunothérapie n’apporte aucun avantage
Les cancers du poumon non à petites cellules sont de loin les plus fréquentes des tumeurs bronchiques (plus de 85% des cas) et aussi parmi les plus graves. Ces dernières années, l’immunothérapie est venue révolutionner le pronostic de ces patients et bousculer les schémas thérapeutiques.
Cette immunothérapie consiste à aider les défenses du patient à combattre la tumeur, notamment en agissant sur “les checkpoints (points de contrôle) immunitaires”, des molécules qui empêchent l’organisme de combattre ses cellules malades. Des médicaments appelés “inhibiteurs de checkpoint” permettent de lever ces freins - les plus connus sont les anti-PD1 et anti-PDL1.
“Il est maintenant largement démontré que l’immunothérapie apporte un bénéfice de long terme pour environ 20% des patients traités, ce qui en fait un traitement parmi les plus efficaces récemment mis au point. Mais, pour 30 à 50% des patients, l’immunothérapie n’apporte aucun avantage. En effet, ces malades voient leur cancer évoluer rapidement après le début du traitement. Il est donc primordial d’identifier quels patients vont tirer bénéfice, ou non, de telles molécules, et comment adapter nos stratégies pour les autres", explique le professeur Fabrice Barlesi, initiateur et directeur du Projet PIONeeR.
A la recherche de biomarqueurs
De nombreuses études sont menées dans ce domaine, à la recherche de “biomarqueurs” : des molécules présentes dans la tumeur ou le sang des patients et des caractéristiques physiologiques des malades qui sont associées à une bonne ou une mauvaise réponse au traitement immunothérapique. Mais “PIONeeR est un projet de recherche d’une toute autre ampleur puisqu’il explore plus de 400 paramètres différents, avant et au cours des traitements : présence de checkpoints immunitaires, de globules blancs tueurs de tumeurs, la composition du microbiote, l’état de santé du patient…”, détaille Fabrice Barlesi.
Les analyses réalisées sur deux séries de biopsies de patients (avant et six semaines après le début de l’immunothérapie) confirment que leur état de santé, évalué par un score appelé “ECOG”, est le meilleur indicateur de survie. Les premières données suggèrent aussi que d’autres paramètres comme l’expression de PD-L1 à la surface des cellules composant la tumeur, la présence de lymphocytes T cytotoxiques au centre de la tumeur et l’interface avec le stroma (le milieu dans lequel baigne les cellules) sont prédictifs de la réponse à l’immunothérapie. Par ailleurs, le professeur Barlesi stipule que “la caractérisation et la quantification des cellules immunitaires semblent apporter une forte valeur ajoutée aux facteurs cliniques pour prédire la réponse ou la résistance" à l’immunothérapie.