Comment aider les dyslexiques à ne plus buter sur les mots ? En aidant électriquement le cerveau. C'est la surprenante conclusion à laquelle ont aboutie les chercheurs de l'Université de Genève. Dans leur étude, publiée ce 8 septembre dans la revue PLOS Biology, ils affirment que qu'une stimulation cérébrale non-invasive peut améliorer les capacités de lecture des personnes dyslexiques. "Nous savons que pendant leur développement cérébral, soit pendant leur scolarité et l’apprentissage de la lecture, les enfants dyslexiques ont des difficultés à dissocier les sons, expose Silvia Marchesotti chercheuse en neurosciences fondamentales à la faculté de médecine de l'Université de Genève. Cela perturbe leur compréhension des mots, oralement comme par écrit."
Or les scientifiques savent que ce trouble phonologique - association de son avec des mots -est associé à des changements dans les schémas rythmiques ou répétitifs de l’activité neuronale, en particulier les oscillations à une fréquence de 30 Hz - dites "gamma" - dans le cortex auditif gauche. De ce fait, les scientifiques suisses ont étudié la relation entre ces oscillations et la capacité cérébrale à traiter les phonèmes— les éléments sonores du langage comme les voyelles et les consonnes.
Lecture améliorée
Dans leur étude, ils ont utilisé une technique de stimulation transcrânienne par courant alternatif, utilisée en médecine pour traiter certaines maladies comme la dépression. Ils ont alors composé deux groupes : l'un composé de 15 adultes dyslexiques, l'autre de 15 personnes non-dyslexiques et lecteurs fluides. Sur ces deux groupes, les scientifiques ont stimulé le cortex auditif gauche - lieu où se composent les schémas répétitifs ou rythmiques des neurones - durant 20 minutes. Ils ont alors remarqué une amélioration "immédiate" du traitement phonologique et une précision accrue de la lecture chez le groupe dyslexique. Ces effets bénéfiques ont été davantage prononcé chez les personnes ayant de faibles compétences en lecture. Cependant, les chercheurs ont noté que cela a eu un effet légèrement perturbateur dans le groupe témoin.
"Les prochaines étapes consisteront à découvrir si la normalisation de la fonction oscillatoire chez les très jeunes enfants pourrait avoir un effet durable sur l’organisation du système de lecture", affirme Silvia Marchesotti. En vue de créer une thérapie viable, les chercheurs veulent remplacer la stimulation électrique du cerveau par le "neurofeedback", une technique non-invasive qui consiste à apprendre aux patients l’autorégulation des signaux cérébraux. "Le but reste le même, mais l’utilisation d’une méthode moins invasive nous permettra de conduire des essais avec des enfants, explique Anne-Lise Giraud professeure de neurosciences fondamentales à la faculté de médecine de l'Université de Genève et responsable du projet.