- Une étude israélo-américaine a décortiqué les effets psychologiques de la séduction. Cet "état d'esprit sexy" permet de ne pas avoir peur du rejet et rend plus attrayant le partenaire potentiel.
- Cette assurance inspire la réciprocité supposée des sentiments amoureux.
- Des signaux de "sexitude" captés peuvent également rendre l'autre plus désirable créant ainsi un leurre partagé.
L'"état d'esprit sexy" rend nos partenaires romantiques possible beaucoup plus attrayants qu'ils ne le sont et nous fait surestimer nos chances de succès romantique. Cet état d'esprit “conquérant” réduit les inquiétudes de rejet et induit en même temps un sentiment d'urgence pour commencer une relation amoureuse. Mais comment l'expliquer ? C'est l'objet de l'étude d'un groupe de chercheurs en psychologie, issu de l'Université de Rochester (États-Unis) et du Centre interdisciplinaire israélien (IDC) Herzliya (Israël), et publiée le 26 août dernier dans le Journal of social and personal relationships.
Pour eux, c'est précisément le fait que l'objet de notre désir nous fait voir la vie en rose qui nous donne des ailes pour approcher et saisir la relation amoureuse souhaitée. “Si les gens prévoient qu'un partenaire partage leur attirance, il est d'autant plus facile d'initier le contact, car la peur du rejet est atténuée, assure Harry Reis, co-auteur de l'étude et professeur de psychologie à Rochester. Les gens sont plus susceptibles de désirer des partenaires potentiels et de projeter leurs désirs sur eux lorsqu'ils sont excités sexuellement, complète Gurit Birnbaum, psychologue sociale, autrice principale de l'étude et professeure agrégée de psychologie à l'IDC. Nos résultats suggèrent que le système sexuel prépare le terrain pour former des relations en biaisant les perceptions interpersonnelles d'une manière qui motive les êtres humains à se connecter. Il est clair que le système sexuel le fait en suscitant l'intérêt pour les partenaires potentiels, ce qui, à son tour, biaise les perceptions de l'intérêt d'un partenaire potentiel pour soi-même.”
Le secret de la vie en rose
Un optimisme à toute épreuve ? Certainement pour ces scientifiques, qui rappellent que la survie de l'humanité repose sur les rapports sexuels des humains, et donc, de leur volonté d'entrer en contact. Comment se déclenche cet état qui nous fait voir la vie, et surtout l'objet de notre attention, en rose ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont imaginé trois expériences. Dans la première étude, 112 participants hétérosexuels, âgés de 20 à 32 ans, non-engagés, ont été appariés au hasard avec un inconnu de sexe opposé. Avant la rencontre, ils ont exposé une partie de la cohorte à un stimulus sexuel — non pornographique —, l'autre à un stimuli neutre. Les scientifiques ont alors enregistré la façon dont les participants se présentent en parlant de leurs passe-temps, de leurs traits positifs et de leurs projets de carrière futurs.
Cet échange filmé leur permet d'analyser les expressions non-verbales comme la proximité physique étroite, le contact visuel fréquent et les sourires “clignotants” qui indiquent un intérêt pour l'initiation de relations amoureuses. Ils observent que les participants exposés à un stimulus sexuel ont eu un comportement plus franc envers leur partenaire potentiel mais aussi qu'après l'échange ils ont estimé que leur partenaire était très attrayant et que la réciproque leur semblait vraie.
La séduction un leurre mutuel ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont pré-enregistré deux vidéos où un homme ou une femme se présente et par son expression non verbale stimule le système sexuel. Effet garanti lors de la vidéo de réponse. Les 150 participants hétérosexuels, âgés de 19 à 30 ans et non engagés, ont regardé l'une ou l'autre vidéo puis ont dû aussi se présenter. Là, tout comme dans la première étude, les chercheurs ont constaté que les participants ont déclaré que le partenaire potentiel était très attirant et intéressé par une relation amoureuse.
Comment expliquer ce phénomène ? Dans une troisième étude les scientifiques ont sélectionné 120 participants hétérosexuels, âgés entre 21 et 31 ans sans engagement amoureux. Ils les ont invités à échanger en ligne avec un autre participant - qui était en réalité un membre de sexe opposé “attrayant” de l'équipe de recherche, dans l'optique de faire connaissance. Là de nouveau l'activation sexuelle augmente l'intérêt du partenaire qui estime que l'autre — soit le membre de l'équipe de recherche — était intéressé par lui.
“Les sentiments sexuels font plus que nous motiver à rechercher des partenaires. Ils nous amènent également à projeter nos sentiments sur l'autre personne, affirme Harry Reis. L'une des conclusions importantes de l'étude est que les sentiments sexuels ne doivent pas nécessairement provenir de l'autre, ils peuvent aussi être excités par diverses manières qui n'ont rien à voir avec l'autre personne. Pourtant, il y a aussi l'écueil possible évident : lorsque des sentiments sexuels sont présents, les gens ont tendance à supposer que l'autre personne partage leur attirance, qu'elle soit justifiée ou non.” L'autre problème évident d'envoyer des stimuli sexuels à tout va ? “Vous finissez par embrasser beaucoup de grenouilles, assure Gurit Birnbaum, parce qu'une humeur sexy vous les confondre avec des princes !”