Avoir de grandes difficultés à avaler certains aliments et boissons, parfois même un simple verre d’eau. Ce trouble a un nom : la dysphagie.
Encore mal connu et peu diagnostiqué, ce trouble de la déglutition toucherait plus de 2 millions de personnes en France, tous âges confondus, même si les personnes âgées, celles ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC), atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de la maladie de Parkinson sont considérées comme plus à risque. Cette pathologie dégrade les capacités de déglutition des personnes touchées et les prive partiellement ou totalement de leur capacité à s’alimenter ou à boire de manière classique. Leur mode d’alimentation et d’hydratation nécessite d’être réinventé afin d’éviter des problématiques sous-jacentes telles que la dénutrition, la déshydratation, l’obstruction des voies aériennes ou encore des pneumonies d’aspiration.
Quels sont les symptômes de la dysphagie ?
La dysphagie se traduit par une sensation de gêne ou une douleur lors du passage des aliments et/ou des boissons au niveau du larynx et de l’œsophage. Elle peut occasionner des haut-le-cœur, de la toux ou une sensation d’étouffement au moment de déglutir. Elle peut aussi donner la sensation des aliments restant collés dans la gorge ou faisant une fausse-route alimentaire. Une difficulté pour commencer à avaler, une douleur à la déglutition, une salivation excessive sont aussi des symptômes de la dysphagie.
Quelles sont les causes de la dysphagie ?
Si cette difficulté à avaler peut être occasionnelle, par exemple en cas d’angine ou de pharyngite, elle peut apparaître dès la naissance. Mais, dans la plupart des cas, la dysphagie apparaît chez les personnes âgées et est alors liée à un vieillissement du larynx. Un accident vasculaire cérébral peut aussi être à l’origine d’une dysphagie, de même qu’une maladie neurodégénérative comme Alzheimer et Parkinson, qui endommagent le mécanisme de fermeture des voies respiratoires. On parle alors de dysphagie oro-pharyngée qui correspond à la difficulté d’initier la déglutition et de propulser les aliments en direction de l’œsophage. Il existe également une dysphagie oesophagienne : cette fois-ci, la sensation de blocage et de gêne est ressentie plus bas dans la poitrine.
Quelles sont les conséquences de la dysphagie ?
Les difficultés de déglutition peuvent s’accompagner d’une dénutrition, d’une déshydratation, d’une perte de poids. Elles peuvent aussi occasionner des régurgitations, des vomissements, une obstruction des voies aériennes qui peut conduire au décès par étouffement. Il y a aussi un risque important de pneumonie d’aspiration au cas où un résidu alimentaire passe par les voies respiratoires.
La dysphagie a aussi des conséquences sur la vie sociale. “Quand cette fonction naturelle et culturelle ne peut plus se faire en sécurité, le patient fait l'expérience douloureuse du handicap physique et social, explique ainsi Michel Guatterie, masseur-kinésithérapeute et expert des troubles de la déglutition. Le repas devient ainsi une épreuve difficile à partager tant, il peut être douloureux d’avaler, gênant de tousser à chaque bouchée et risqué de s’étouffer.”
Quelle prise en charge pour la dysphagie ?
Une douleur, une gêne, une sensation d’oppression thoracique et/ou d’étouffement régulière ou systématique sont des signaux d’alarmes qui doivent pousser à la consultation d’un médecin lorsque ceux-ci persistent. L’identification des causes et le diagnostic requièrent alors une collaboration pluridisciplinaire impliquant un gastroentérologue, un neurologue, un ORL ou encore gériatre. Il est aussi possible de consulter un orthophoniste pour réaliser des bilans de déglutition complets.
Dans certains cas, la dysphagie nécessite une chirurgie pour élargir la lumière de l’œsophage. “En dehors de l’acte chirurgical, des méthodes de rééducation aideront le patient, lorsque cela est possible, à récupérer tout ou une partie de ses capacités, ou tout simplement à mettre en place des postures ou des pratiques qui faciliteront l’étape délicate de la déglutition. Dans chacun de ces cas, cet accompagnement devra être couplé à une adaptation nutritionnelle", détaille Lucie Borjon, experte Dysphagie pour le groupe agroalimentaire Nutrisens.
“La prise en charge étant pluridisciplinaire, d’autres professionnels paramédicaux tels que des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes ou encore des infirmiers ayant suivi une formation spécifique aux troubles de déglutition pourront également intervenir auprès des sujets concernés", conclut-elle.