Mieux comprendre le cœur en analysant ce qui le compose. Des chercheurs du Howard Hughes Medical Institute, basé aux États-Unis, travaillent sur un atlas des cellules humaines. Ils ont achevé celui du cœur. L’équipe a recensé près d’un demi-million de cellules cardiaques, et a précisé la fonction de chacune d’entre elles. Leur travail est détaillé dans la revue Nature.
Six zones cardiaques recensées
Cette carte du cœur a été réalisée grâce aux organes cardiaques de 14 donneurs, qui n’avaient pas pu être transplantés. Ces cœurs, issus de sept hommes et sept femmes, étaient sains. Les chercheurs ont réparti les cellules dans six zones : les ventricules gauche et droit, les atriums gauche et droit, l’apex et le septum interventriculaire. Ils ont ensuite utilisé une technique de séquençage à haut débit pour déterminer les caractéristiques de chacune des cellules. "Nous avons un code zip pour chacune des cellules afin de savoir à quelle population elle appartient", explique Christine Seidman, co-autrice de l’étude et généticienne spécialiste du système cardiovasculaire. Ensuite, ils ont analysé l’ARN des cellules cardiaques, cela leur a permis de connaître leur fonction précise.
Des différences entre les hommes et les femmes
L’analyse des données récoltées a révélé quelques informations surprenantes. Christine Seidman et ses collègues ont constaté une grande diversité de cellules cardiaques dans différentes zones. "Ce que nous constatons, c’est une hétérogénéité frappante, souligne Hugh Watkins, co-auteur, à la fois dans les différents types de cellules qui comptent les tissus cardiaques, mais aussi selon les différentes régions du coeur." Mais ils ont aussi réalisé que les femmes avaient plus de cellules musculaires cardiaques, appelée cardiomyocytes, que les hommes.
Mieux comprendre les maladies cardiaques
Ces données permettront de mieux comprendre le cœur, son fonctionnement et les pathologies qui le touchent. Les maladies cardiaques sont la principale cause de décès à travers le monde. Or, pour Christine Seidman, avant d'analyser ce qui ne fonctionne pas dans les différentes maladies, il faut "comprendre ce qui est normal". Les chercheurs veulent maintenant obtenir plus d’informations sur le cœur en récoltant les données de personnes différentes du premier échantillon, car les 14 cœurs utilisés venaient de donneurs blancs. "14 cœurs ne peuvent pas représenter l’ensemble de la population", souligne la scientifique. En parallèle, elle et son équipe travaillent à comparer les différences entre un cœur sain et un cœur malade dans la production de protéines. "C’est certainement un organe plus complexe que ce que nous avions imaginé !", conclut Hugh Watkins.