La tension monte dans certains hôpitaux publics face à la menace d'une deuxième vague de l'épidémie de Covid-19. Plusieurs établissements comme ceux de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) ont annoncé se préparer à annuler quelques opérations "non-essentielles". L'AP-HP précise "qu’il s’agit, à ce stade, de décisions prises au cas par cas, ou service par service mais pas d’une organisation d’une déprogrammation globale" et demande aux personnes de ne pas renoncer aux soins. Même son de cloche dans les hôpitaux publiques lyonnais et de stéphanois. Dans cette préparation, l'Agence de la biomédecine demande à ce que la filière de la greffe soit pensée et ménagée durant ces temps houleux.
"Il est souhaité que les établissements de santé veillent à garantir la disponibilité des effectifs médicaux et paramédicaux, qui constituent les équipes médico-chirurgicales contribuant au prélèvement et à la transplantation d’organes, ainsi que ceux des coordinations hospitalières de prélèvements d’organes et de tissus; anticipent la constitution de filières COVID négatives en leur sein; et organisent, en dernier lieu, les possibilités de faire prendre en charge des patients ayant besoin d’une greffe d’organe dans les filières COVID négatives d’un autre établissement autorisé à exercer l’activité de greffe, situé dans la même région ou, le cas échéant, dans une autre région" demande-t-elle. Pour piloter ces mesures et assurer un suivi à l'échelon national, l'agence demande à ce que soit constituée une équipe de coordination.
Circuit complexifié par la Covid-19
Ainsi l'Agence de la biomédecine préconise également que "l’activité de prélèvement doit pouvoir être maintenue, en particulier dans les régions les moins impactées par l’épidémie de COVID-19." Cependant la circulation du virus complexifie la mécanique du don de greffe. "Il est recommandé que les donneurs d’organes potentiels bénéficient, dans les 24 heures précédant le prélèvement d’organes, d’un test par RT-PCR naso-pharyngé (ou endo-trachéal), si besoin complétés par des tests sérologiques sanguins, dont le résultat devra être négatif pour que le prélèvement puisse avoir lieu, assure-t-elle. Enfin, il est conseillé de procéder à la recherche, dans l’entourage du donneur potentiel, d’éventuels contacts infectieux ou d’une symptomatologie évoquant une infection par le virus de la COVID-19 observée dans les 28 jours précédant le décès de l’intéressé." Elle demande de procéder de même avec le receveur.
Evaluation du rapport bénéfice/risque
L'Agence demande que les hôpitaux ne pouvant pas maintenir cette activité de greffe d'organes puisse l'exercer dans un autre hôpital, si possible de la même région, moins exposé au traitement des Covid-19. Elle demande également que la transplantation d'organe non-vitam (rein, pancréas) ne soient pas annulés sauf stade critique de l'épidémie et sous conditions. "Dans cette éventualité, la décision de réaliser une greffe d’organe non-vital ne pourra être prise que sur la base d’une évaluation du rapport bénéfice/risque pour le patient tenant compte du contexte épidémique, et à la condition que l’intéressé puisse être pris en charge dans le cadre d’une filière COVID négative, exige l'Agence de la biomédecine. La typologie des patients en contre-indication temporaire prendra en compte les facteurs de fragilité du receveur (âge, comorbidités, immunisation...)."