Le premier "challenge infectieux" du monde contre la Covid-19 aura lieu au Royaume-Uni. Cette méthode consiste à inoculer le virus à des volontaires, pour tester l’efficacité des vaccins. L’information a été révélée par le Financial Times. Plus de 38 000 personnes se sont portées volontaires, dont 2 000 Britanniques, mais l’essai devrait porter sur 100 à 200 individus. L’Imperial College de Londres participera à la surveillance, le projet est réalisé par le groupe 1Day Sooner et géré par hVivo.
Des participants jeunes et en bonne santé
En temps normal, l’essai d’un vaccin en phase 3 nécessite plus de temps : des dizaines de milliers de volontaires doivent recevoir le produit, puis les scientifiques les suivent pendant plusieurs mois pour déterminer s’ils sont protégés ou non contre le virus. Le challenge infectieux permettra de connaître l’efficacité du vaccin en quelques semaines seulement. "Le risque vital n’est pas plus important que pour un don de rein", ont déclaré les représentants de 1Day Sooner au Financial Times. Ils estiment qu’en recrutant uniquement des jeunes âgés de 20 à 40 ans, en bonne santé, ils éliminent tout risque de complication.
"Il existe désormais des traitements qui ont montré leur efficacité, donc dans le cas improbable où un volontaire développerait une forme grave, nous disposons de médicaments pour le soigner", a souligné Peter Horby responsable du groupe de conseil au gouvernement sur les maladies infectieuses, à la BBC. Il s’agit notamment du remdesivir, premier médicament autorisé en Europe contre la Covid-19. D’après ce spécialiste, cet essai peut potentiellement sauver des milliers de vie et mener à une réelle avancée scientifique.
Le Conseil scientifique opposé à ce type d’essais
D’autres sont moins enthousiastes. Le directeur de la revue scientifique The Lancet a exprimé ses doutes sur Twitter. D’après lui, deux critères de sécurité ne sont pas garantis : la connaissance de la dose précise de virus à injecter pour éviter tout risque de complication et l’existence d’une thérapie de secours. L’Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé et un comité d’éthique indépendant doivent encore approuver le projet. Mais l’organisme britannique a déjà indiqué que les risques de cet essai sont minimes et maîtrisés. En France, le Conseil scientifique a exprimé son désaccord quant à la conduite d’un challenge infectieux. Dans son avis du 9 juillet, elle met en avant deux arguments, le premier est scientifique : "L’existence de modèles animaux d’infection à SARS-CoV2, même imparfaits, n’impose pas de recourir à l’évaluation d’une protection chez des jeunes volontaires en bonne santé dont les résultats ne seraient pas plus transposables, que ceux des modèles animaux, aux personnes vulnérables, principales cibles de la protection". La seconde mise en garde du Conseil scientifique est éthique, ses membres soulignent qu’on ne peut pas "écarter la possibilité de survenue d’accident chez ces volontaires, en l’absence de thérapeutiques curatrices avérées du Covid-19".