Un quart des décès par overdose en France sont liés à la cocaïne. La dépendance à cette drogue est considérée par les scientifiques comme une maladie chronique, avec un risque élevé de rechute. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm et de l’AP-HP se sont intéressés à ses manifestations génétiques. Ils constatent que deux mutations géniques sont associées à l'addiction. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Progress in Neurobiology.
Des chercheurs de l’@institutpasteur, du @CNRS, de l’@Inserm et de l'@APHP ont montré que deux mutations géniques joueraient un rôle dans différents aspects de la dépendance à la #cocaïne.https://t.co/3GuLzLZUds
— INSTITUT PASTEUR (@institutpasteur) September 23, 2020
Un lien avec des récepteurs nicotiniques
Des études précédentes sur la génétique ont montré que la cocaïne agit sur des récepteurs nicotiniques présents dans le cerveau. Ces derniers réagissent à un neurotransmetteur appelé acétylcholine. La nicotine remplace l’action de ce neurotransmetteur sur les récepteurs. Une mutation du gène codant pour la sous-unité α5 des récepteurs nicotiniques, appelée α5SNP, augmente le risque de dépendance à la nicotine, mais elle protégerait également de l’addiction à la cocaïne. L’équipe de recherche française a testé cette hypothèse et analysé aussi le rôle de la sous-unité nicotinique α5 dans les effets de la cocaïne.
Deux mutations géniques
Dans un premier temps, l’étude a été réalisée sur des animaux, puis les résultats obtenus ont été vérifiés avec des participants humains. L’essai mené sur 350 patients dépendants à la cocaïne les a confirmés : “Les porteurs de cette mutation ont une transition plus lente entre la première prise et l’apparition de signes de dépendance”. Selon les conclusions des chercheurs, cette mutation génique agit principalement dans la phase précoce du cycle de l’addiction et protège les porteurs de la dépendance. “La mutation α5SNP réduit l’acquisition du comportement de prise volontaire de cocaïne lors des premières expositions", expliquent-ils dans un communiqué. Ils ont également constaté que l’absence totale de la sous-unité nicotinique α5 augmente le risque de rechute après sevrage, et que la présence d’une autre mutation, appelée β4, augmente le risque de rechute rapide après sevrage.
Recréer la mutation pour traiter la dépendance
Les scientifiques estiment que 37% de la population européenne serait porteuse de cette mutation génétique. Ils espèrent utiliser ces résultats pour développer un traitement agissant sur les récepteurs nicotiniques pour soigner la dépendance à la cocaïne.