« Les ruptures de stocks des médicaments sont un problème qui malheureusement va devenir de plus en plus croissant. Ce phénomène mondial est très difficile à résoudre ». C'est le constat d'Isabelle Adenot, président de l'Ordre des pharmaciens, à la suite des ruptures de stocks constatées ces derniers jours pour le traitement des malades souffrant de défaillance de la glande thyroïde « Lévothyrox » et pour les 45 médicaments menacés de pénurie.
Contactée par pourquoidocteur, la présidente de l'Ordre lie ces problèmes à des défauts de fabrication. Ces derniers peuvent intervenir lors de catastrophes naturelles et éventuellement perturber le fonctionnement de certains sites.
Ecoutez Isabelle Adenot, président de l'Ordre des pharmaciens : « Lorsqu'il y a eu des tremblements de terre en Italie, certaines usines étaient les seules à fabriquer certains médicaments. Quand l'usine ne peut plus fonctionner forcément derrière il y a un manquant. »
Autre explication avancée par Isabelle Adenot, celle des grossistes répartiteurs qui, pour certains, achètent en masse des stocks de médicaments dans des pays les fabriquant à bas prix. Le but de la manoeuvre ? Revendre par la suite ces spécialités dans des pays où ils sont commercialisés plus chers. Cette ruée sur ces stocks à bas prix provoque parfois un bouleversement de la chaîne d'apprivisionnement et crée même dans certains cas là encore des ruptures de stocks.
D'ailleurs, Isabelle Adenot confie que ces épisodes se multiplient actuellement pour de nombreux pharmaciens français. Et la présidente de rajouter que bien souvent le réapprovisionnement en stock se règle avec le système D, autrement dit, celui de la débrouillardise.
Ecoutez Isabelle Adenot : « Soit on appelle un autre hôpital, soit on appelle une autre pharmacie si les grossistes n'ont plus d'un médicament. On passe un temps fou dans notre travail à régler la gestion des ruptures d'approvisionnement. »
Des difficultés pour se fournir que connaissent également les pharmacies hospitalières. Mais la président de l'Ordre, qui s'est rendue ces derniers temps dans de nombreuses conférences pour trouver des solutions, annonce que le problème pourrait être résolu prochainement. Comment ? Avec la sortie à venir d'un système d'alerte permettant aux pharmaciens de remonter au laboratoire ainsi qu'à l'Ansm les informations en instantané en cas de rupture dans leurs commandes.
En partenariat avec toutes les autorités sanitaires et le ministère de la Santé, l'Ordre travaille actuellement sur un pilote. Le logiciel devrait être disponible en pharmacie dès le mois de novembre. « On pourra alors mieux gérer les ruptures. De quoi solutionner en partie le problème », conclut Isabelle Adenot.