Oublier où elles ont posé leurs lunettes, d’acheter du lait ou du pain ou de se rendre à un rendez-vous professionnel. A partir de leurs 40-45 ans, quand survient la préménopause, de nombreuses femmes sont sujettes à de légères pertes de mémoire.
Ce déclin cognitif, observé pendant la transition entre la préménopause, la périménopause et la postménopause, semble être indépendant de l’âge chronologique. Dans une nouvelle étude présentée lors de la réunion virtuelle 2020 de la Société nord-américaine de la ménopause (NAMS), des chercheurs montrent que la fonction mitochondriale pourrait être un déterminant de la cognition pendant la post-ménopause précoce.
Une production d’énergie inefficace en cause
Les mitochondries sont des organites intracellulaires dont la fonction principale est de fournir aux cellules l’énergie dont elles ont besoin pour assurer leur survie et les fonctions qu’elles sont censées accomplir. Ce sont elles qui fournissent 90 % de l’énergie nécessaire au corps humain pour maintenir la vie et soutenir le fonctionnement des organes.
Des études antérieures avaient déjà avancé l’hypothèse selon laquelle les mitochondries jouent un rôle dans le déclin cognitif observé à la ménopause. Ces travaux, qui reposaient sur l’examen de biomarqueurs mitochondriaux singuliers, estimaient qu'une baisse des œstrogènes altère l'efficacité de la production d'énergie pendant la transition de la ménopause, et qu'une production d'énergie inefficace peut être liée à un déclin de la cognition.
Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs ont examiné l'association entre un ensemble plus étendu de biomarqueurs mitochondriaux et les performances des tests cognitifs dans un échantillon plus large de femmes ménopausées.
110 femmes ont été recrutées afin d’évaluer la relation entre les marqueurs fonctionnels mitochondriaux et la cognition. Les résultats ont montré que, chez les femmes postménopausées, les marqueurs de la fonction mitochondriale étaient associés à de meilleures performances cognitives, notamment sur l'apprentissage verbal, la mémoire verbale, la fluidité verbale et la capacité spatiale.
"Grâce à cette recherche, nous avons confirmé que les femmes ayant une production énergétique plus efficace avaient de meilleures performances cognitives sur une série d'indices cognitifs, y compris l'apprentissage verbal", explique Rachel Schroeder de l'Université de l'Illinois à Chicago, qui a dirigé l'étude. Selon elle, ces changements bioénergétiques compensatoires pourraient entraîner une production d'énergie moins efficace mais maintiendraient la cognition des femmes au fur et à mesure qu'elles vieillissent.
"Cette étude fournit des indications précieuses sur un rôle possible des changements de la fonction mitochondriale dans la réduction des performances cognitives pendant la transition de la ménopause, conclut le Dr Stéphanie Faubion, directrice médicale du NAMS. D'autres études sont nécessaires pour déterminer si ces changements dans la quarantaine prédisent un futur déclin cognitif et si des mesures peuvent être prises pour les prévenir."