- Pratiqués sur des patients souffrant de difficultés respiratoires, ce test d'une trentaine de secondes est considéré comme peu fiable car il ne tient pas compte des irrégularités respiratoires des patients.
Pratiqué sur des patients souffrant de problèmes respiratoires, et notamment ceux atteints de la Covid-19, un test respiratoire de routine pourrait s’avérer peu fiable et ainsi mettre des vies en danger. C’est ce que pointe une nouvelle étude menée par l’université d’Édimbourg (Ecosse) et publiée en ligne sur ERJ Open Research. Selon les chercheurs, le test de respiration est régulièrement pratiqué sur un laps de temps trop court — environ 30 secondes — pour donner un résultat fiable. Or, des résultats incorrects peuvent signifier que le personnel clinique ne parvient pas à détecter à quel point un patient souffrant de problèmes respiratoires se sent mal.
Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que le test est pratiqué sur des personnes souffrant de Covid-19, maladie qui peut sévèrement affecter les capacités respiratoires.
Une mesure trop courte pour être fiable
Largement utilisé, ce test respiratoire consiste en un décompte des respirations sur une période de 30 secondes. Néanmoins, expliquent les auteurs de l’étude, cette courte durée ne permet pas de tenir compte des irrégularités respiratoires des patients. Cette pratique pourrait cependant être améliorée en portant la durée de la mesure à deux minutes.
Le test est pratiqué chez tous les patients qui arrivent à l’hôpital et présentent des symptômes respiratoires, dans le cadre de ce que le personnel médical appelle des “scores d’alerte précoce” (Early Warning Scores ou EWS en anglais), mis en place pour empêcher une détérioration de l’état clinique des patients dans les services hospitaliers.
D’après les données de l’étude, la plupart du personnel clinique pense que le fait de compter les respirations prises sur une période de 30 secondes donne une mesure raisonnable de la fréquence respiratoire. Cependant, comme la respiration n'est pas toujours régulière, il peut y avoir une variation de la fréquence respiratoire lorsqu'on la mesure sur une courte période, ce qui fausse les résultats.
Augmenter la durée de la mesure à 2 minutes
L'équipe a analysé les enregistrements respiratoires de 25 patients hospitalisés afin de déterminer l'ampleur de cette variation. Chaque enregistrement a été effectué pendant 30 minutes à une heure chez des patients souffrant de maladies respiratoires, cardiaques, neurologiques et urinaires.
Les chercheurs ont échantillonné les enregistrements au hasard, plusieurs fois, de la même manière que le personnel clinique peut mesurer le rythme respiratoire. Ils ont alors constaté qu'il y avait une grande variation du rythme respiratoire pour chaque patient : plus de la moitié des mesures différaient de plus de trois respirations par minute. “Cette variation peut sembler faible mais, dans 40 % des cas, un taux incorrect aurait signifié que le tableau des scores d'alerte était erroné", expliquent-ils.
Pour le docteur Gordon Drummond, maître de conférences clinique honoraire de l'université d'Édimbourg, “le manque de précision dans la mesure de la fréquence respiratoire pourrait avoir des conséquences sur le traitement d'un patient. Nous pensons que la précision serait améliorée en augmentant la durée de la mesure à deux minutes et en utilisant un équipement spécialisé pour mesurer la fréquence respiratoire.”