- Si le cancer du poumon est détecté suffisamment tôt, le dépistage pourrait nous aider à sauver des vies et à éliminer les inégalités.
- Le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer en France et dans le monde.
Une étude confirme l’intérêt du dépistage précoce du cancer du poumon alors qu’un tel test n’est pas systématique en France. Il représente la première cause de mortalité par cancer sur notre territoire et dans le monde. Pour mieux le traiter et augmenter les chances de survie, il est essentiel de le dépister le plus tôt, comme le confirme une nouvelle étude réalisée en Nouvelle-Zélande auprès de populations Maoris qui sont particulièrement sujettes à cette maladie. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le BMJ.
Dépister pour réduire les inégalités
L’étude néo-zélandaise s’est intéressée particulièrement aux Maoris, dont les taux de mortalité sont entre trois et quatre fois plus élevés que ceux des autres groupes ethniques. Environ 450 Maoris reçoivent un diagnostic de cancer du poumon chaque année et pas loin de 300 en meurent. Les chercheurs ont évalué si la tomographie informatisée à faible dose (LDCT), utilisée pour dépister ce cancer, peut être un moyen d’évaluer tôt la présence de la maladie. Le LDCT est une radiographie informatisée qui produit des images tridimensionnelles très claires en utilisant seulement une petite quantité de rayonnement, évitant au maximum les effets néfastes sur la santé.
Les résultats ont confirmé l’intérêt d’un dépistage précoce du cancer du poumon. “Environ 75% des cancers du poumon à un stade précoce peuvent être guéris, affirme la docteure Karen Bartholomew, une des autrices de l’étude. Si le cancer du poumon est détecté suffisamment tôt, le dépistage pourrait nous aider à sauver des vies et à éliminer les inégalités inacceptables que nous constatons actuellement dans la mortalité entre les Maoris et les non-Maoris.” Dépister tôt ce cancer est rentable et efficace. “Avoir une idée claire de la rentabilité du dépistage du cancer du poumon donne une impulsion supplémentaire pour démarrer le travail [de dépistage systématique], affirme Sue Crengle qui a dirigé l’étude. Si cela fonctionne pour les Maoris, cela fonctionnera aussi pour tout le monde.”
Un programme de dépistage national
Les chercheurs estiment nécessaire de lancer un programme national semestriel de dépistage du cancer du poumon. Des essais de dépistage à l'étranger ont abouti à une réduction de 20 à 26% des décès par cancer du poumon, notent-ils. Les chercheurs prévoient de tester ce dépistage national avec jusqu'à 50 cabinets partenaires avant de le déployer sur tout le territoire.
En France, il n’y a pas de dépistage organisé de ce cancer. En 2016, la Haute Autorité de santé a publié un avis dans lequel elle estime que les conditions d'une telle opération ne sont pas réunies. Pour justifier cette décision, elle a avancé que le scanner thoracique, utilisé pour le dépistage, génère trop de faux positifs et que jusqu’à 90 % des anomalies trouvées au scanner se révèle non cancéreuses après examen. Actuellement, environ 40% des cancers du poumon sont découverts à un stade avancé, diminuant les chances de guérison.