- La cicatrisation est un processus qui permet une reconnexion nerveuse et vasculaire et qui provoque une réaction inflammatoire
- Ce processus aboutit normalement sur une durée d'un an
- On parle de cicatrice hypertrophique lorsque l'intensité et la durée de ce processus sont plus importants
Une rougeur, un gonflement, parfois des démangeaisons après une plaie ou une incision: tout est normal, c'est la peau qui cicatrise ! Dans la plupart des cas, ces effets désagréables liés à une réaction inflammatoire durent de 2 à 3 mois et, dans les mois qui suivent et avant le délai d'un an, la peau redevient plate, indolore et d'une couleur unie.
Cependant, que ce soit à la suite d'une intervention chirurgicale ou à cause d'un accident, cette cicatrisation — le processus qui fait que la peau se ressoude avec des reconnexions nerveuses et vasculaires — peut “déraper” : la rougeur persiste, le gonflement s'accentue. C'est ce que l'on appelle une cicatrice hypertrophique. “Ces cicatrices sont dues au même processus que celui qui se déroule normalement mais avec davantage d'intensité et sur une durée plus longue”, explique Richard Zloto, chirurgien plastique.
Les zones sensibles du thorax, du dos ou des oreilles
Qu'est-ce qui fait qu'une cicatrisation prenne cette tournure ? “Le plus souvent, la cause de ces cicatrices hypertrophiques est génétique, parfois héréditaire; il y a des patients qui savent qu'ils cicatrisent mal”, souligne Richard Zloto, qui cite aussi deux autres causes : lorsqu'une cicatrice, notamment après une intervention chirurgicale, est située dans une zone de tensions ou lorsqu'elle se trouve sur certaines parties du corps, le thorax, le dos ou les oreilles. “On voit souvent de telles cicatrices à l'occasion de piercing”, précise le chirurgien. D'une façon générale, le risque qu'une cicatrice devienne hypertrophique est lié à la présence d'une peau épaisse.
Au-delà du handicap esthétique qu'elles représentent, ces cicatrices sont aussi causes de douleurs ou de gènes pour effectuer certains mouvements. Il est donc important en présence d'une plaie, d'une incision ou d'une brûlure — “les brûlures laissent toujours des marques plus importantes sur la peau”, avertit le chirurgien — de prévenir le risque d'une évolution hypertrophique d'une cicatrice. “Cela commence par le geste chirurgical pour les incisions, il faut éviter lorsque c'est possible de réaliser une suture sous tension, c'est-à-dire en tirant sur la peau”, explique Richard Zloto.
Eviter l'évaporation entre les différentes couches de la peau
Pour toutes les cicatrices, quelle que soit leur origine, la première des précautions à prendre dans les 15 premiers jours est de recouvrir la cicatrice de films imperméables au silicone afin d'éviter l'évaporation entre les différentes couches de la peau. “On a longtemps pensé qu'il fallait qu'une cicatrice sèche, c'est tout le contraire! L'évaporation provoque une sécrétion de collagène qui aggrave la cicatrice et il faut à tout prix l'empêcher!”, selon Richard Zloto.
Autres traitements possibles pour éviter les cicatrices hypertrophiques: les pansements compressifs. “Ils sont notamment très adaptés pour les brûlures”, affirme Richard Zloto. Le laser peut également prévenir une évolution hypertrophique.
Enfin, lorsque le processus de cicatrisation est achevé mais qu'il laisse les traces d'une cicatrice hypertrophique, il est encore possible d'y remédier. Attention toutefois, jamais par de la chirurgie qui ferait “disparaître” la cicatrice. “La chirurgie relance toujours le processus inflammatoire qui accompagne la cicatrisation, il faut donc l'écarter absolument!”, prévient Richard Zloto. Les solutions passent alors par le laser ou des applications de silicone mais aussi par des corticoïdes, soit en crème soit par injection, qui peuvent réduire les marques laissées par la cicatrisation.