La notion de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) rassemble deux pathologies : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Elles sont caractérisées par une inflammation d’une partie du tube digestif : au niveau de l’intestin généralement pour la maladie de Crohn, et dans la zone du rectum et du côlon pour la rectocolite hémorragique. Comme le souligne l’Inserm, les pays industrialisés sont particulièrement touchés. En France, 10 cas de maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique pour 100 000 habitants sont détectés chaque année. Aux Etats-Unis, trois millions de personnes seraient diagnostiquées tous les ans. Pour l’heure, aucune cause unique n’a été mise en évidence, mais différents facteurs pourraient exploser leur apparition : la génétique, la pollution, le tabagisme ou encore l’alimentation. Si aucun aliment précis n’est associé aux MICI, des chercheurs s’intéressent aux liens entre ce que nous mangeons et l’apparition de symptôme.
Un dérèglement du microbiote
Des scientifiques de l’université Stoony Brook ont récemment constaté qu’une consommation importante de fructose pouvait aggraver la maladie. Ils publient leurs résultats dans Cellular and Molecular Gastroenterology and Hepatology. "La hausse de l’incidence des maladies inflammatoires de l’intestin coïncide avec des niveaux de consommation de fructose plus élevés aux États-Unis et dans d’autres pays", explique David Montrose, l’un des auteurs de l’étude.
Une expérience a été menée sur des souris atteintes de MICI. Elles ont été nourries avec de grandes quantités de fructose : cela a aggravé l’inflammation de leur côlon, et modifié le microbiote intestinal. La consommation excessive de fructose a un effet pro-colitique sur l’organisme : la substance modifierait la composition et le fonctionnement du microbiote. "Nos travaux prouvent l’existence d’un lien direct entre le fructose alimentaire et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, et soutiennent l’idée qu’une consommation élevée de fructose peut aggraver la maladie", conclut l’équipe de recherche.
L’absence de traitement curatif
D’après David Montrose et ses collègues, la recherche pourrait permettre de fournir des recommandations alimentaires aux personnes atteintes de MICI. "C’est quelque chose qui manque aujourd’hui", précise-t-il. Il n’existe pas de traitement pour soigner la maladie, la seule possibilité est d’agir sur les symptômes grâce à des traitements anti-inflammatoires. Leur utilisation permet d’empêcher l’apparition de certaines poussées et de faciliter la cicatrisation des lésions de l’intestin. Dans les cas les plus graves, des opérations chirurgicales peuvent être recommandées pour retirer les parties de l’intestin abîmées.