- Une perte de taille peut être un signe d'ostéoporose
- Au-delà de 4 centimètres, il est opportun de faire des radiographies de la colonne vertébrale et éventuellement une ostéodensitomètrie
Pincement des disques, rotations de vertèbres, affaiblissement des muscles, mauvaise statique ou posture… Si la perte de taille est considérée comme "normale" au cours du vieillissement, elle peut également être révélatrice de l'ostéoporose, une maladie à l'origine d'une fragilité osseuse chez certaines personnes âgées de plus de 50 ans.
"La perte qui retient notre attention est le seuil de 4 centimètres, indique à Pourquoi docteur la professeure Karine Briot, rhumatologue au sein de l'hôpital Cochin, à Paris, en précisant qu'il ne faut pas faire de raccourci ; ce n'est pas parce que l'on a perdu de la taille que l'on souffre d'ostéoporose. Ce n'est pas un signe d'ostéoporose en soi, c'est peut-être que l'on va trouver une fracture vertébrale, qui est donc une conséquence de l'ostéoporose, qui expliquerait la perte de taille".
En effet, avoir fait une fracture vertébrale augmente de façon importante le risque d'en faire une deuxième, au dessus ou en dessous, et de cumuler parfois deux à trois fractures. Conséquence : la personne concernée commence à se vouter légèrement vers l'avant, ce qui tort sa colonne, provoquant une perte de taille.
"Dans le suivi de l'ostéoporose, la toise est l'outil essentiel"
Une fracture vertébrale étant généralement peu douloureuse, il est important de se faire mesurer afin de la constater et de dépister l'ostéoporose. "Dans le suivi de cette maladie, la toise est l'outil essentiel", assure la professeure Karine Briot. Si la perte de 4 centimètres est constatée, le patient se verra prescrire une radiographie de toute la colonne, dorsale et lombaire. "Si on trouve une fracture, elle est considérée comme un signe de fragilité osseuse, d'ostéoporose", reprend la rhumatologue.
Il convient ensuite de consulter un médecin, qui réalisera une densitométrie osseuse afin de mesurer la teneur des os en calcium, puis une prise de sang. "Normalement, il donnera au patient un médicament pour renforcer les os, estime la professionnelle de santé. Car, s'il y a déjà une fracture vertébrale, c'est extrêmement important d'empêcher les autres".
Confusion entre tassement vertébral et fracture ; un risque fréquent
Attention cependant ; il convient de ne pas interroger le patient sur la taille qu'il mesurait lorsqu'il avait entre 18 et 20 ans – il s'agit de la taille maximale, utilisée comme référence – mais de demander à voir le suivi de sa taille. En cause : de nombreuses études montrant que, généralement, lorsque l'on demande à quelqu'un combien il mesure, il aura toujours tendance à se rajouter 1 à 2 centimètres.
"Il ne faut pas croire les gens, il faut les mesurer ; la toise, le suivi de la taille, est indispensable, martèle la rhumatologue. Surtout que c'est l'un des moyens, comme on ne peut pas faire de radiographies à tout le monde, de trouver des fractures vertébrales".
Il arrive que les radiographies, elles-mêmes, posent problème dans le dépistage de l'ostéoporose. La professeure Karine Briot évoque ainsi certains radiologues, qui ont tendance à mentionner un "tassement vertébral", plutôt qu'une fracture, et qui l'attribuent à l'âge au lieu de demander des examens plus poussés. "Souvent, c'est vu à la radio mais ce n'est pas mentionné sur le compte-rendu ; il faut y faire très attention", alerte la professionnelle de santé.