- Les personnes souffrant d'apnée obstructive du sommeil seraient potentiellement susceptibles de développer la maladie d'Alzheimer, surtout si l'apnée du sommeil s'est déclarée vers 40 ans.
- Selon les chercheurs australiens, cela serait en lien avec les plaques amyloïdes que l'on retrouve dans les deux maladies, qui s'accumulent dans le cerveau près des neurones.
- Ces résultats confirment ceux trouvés par des chercheurs de l'Inserm en mars 2020, qui voyait également un lien entre les deux maladies.
Les plaques amyloïdes se forment suite à l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde. Elles se trouvent près des neurones et bloquent partiellement leur fonctionnement. Depuis plusieurs années, la science a identifié leur implication dans la maladie d’Alzheimer. Une recherche de l’Institut royal de technologie de Melbourne (Australie) montre que ces mêmes plaques ont été repérées dans le cerveau de personnes atteintes d’apnée obstructive du sommeil. Leur formation commence aux mêmes endroits et leur développement est similaire.
Des liens connus mais inexpliqués
“Nous savons que si vous faites de l’apnée du sommeil vers la quarantaine, vous avez plus de risques de développer la maladie d’Alzheimer en vieillissant, et que si vous êtes atteints d’Alzheimer, vous avez plus de risques de souffrir d’apnée du sommeil que les autres personnes de votre âge", raconte Stephen Robinson, l’auteur principal de cette recherche. En mars 2020, des chercheurs de l’Inserm ont également constaté des liens entre les deux pathologies : les personnes souffrant d’apnée du sommeil avaient une accumulation de protéines bêta-amyloïde dans le cerveau. “Cela ne veut pas dire que ces personnes vont nécessairement développer la maladie, mais elles présentent un risque plus élevé", avait déclaré la directrice de l’étude, Géraldine Rauchs. Toutefois, la nature du lien entre les deux maladies reste mystérieuse.
Des plaques toujours présentes malgré les soins
Pour mieux la comprendre, le chercheur et son équipe ont réalisé des autopsies de l’hippocampe de 34 personnes et du tronc cérébral de 24 personnes atteintes d’apnée obstructive du sommeil. Les chercheurs ont constaté que plus l’apnée obstructive du sommeil est grave, plus l’accumulation de plaques amyloïdes est importante. “Dans le cas d’une apnée obstructive de gravité modérée, vous trouvez des plaques amyloïdes et une dégénérescence neuro-fibrillaire uniquement au niveau du cortex cérébral près de l’hippocampe, exactement là où elles sont présentes au début de la maladie d’Alzheimer”, souligne le scientifique. Pour soigner l’apnée obstructive du sommeil, l’une des techniques consiste à insuffler de l’air dans les voies nasales, de façon continue, pendant la nuit. Chez les personnes traitées, cette méthode n’a pas modifié la quantité de plaques amyloïdes présentes dans le cerveau. Aucune des personnes, dont le cerveau a été analysé, n’avait été diagnostiquée d’une démence ou de la maladie d’Alzheimer de son vivant. L’équipe de recherche souhaite continuer à travailler sur ces échantillons pour identifier d’éventuels signes d’inflammation ou de transformation des vaisseaux sanguins. Ils souhaitent également lancer une étude clinique avec une cohorte de plus grande taille.
Une maladie répandue dans le monde
L’apnée obstructive du sommeil touche plus de 930 millions de personnes à travers le monde. En France, 4% de la population serait concernée. Elle se traduit par des pauses de 10 à 30 secondes dans la respiration au cours de la nuit. Les personnes atteintes souffrent souvent de somnolences en journée, de difficultés de concentration et ont un risque plus élevé d’accident de la route, compte tenu du manque de vigilance lié à la fatigue. Grâce à une prise en charge, voire une chirurgie dans certains cas, ces effets secondaires de l’apnée du sommeil peuvent diminuer voire disparaître.