Son décès est une forme de victoire. Douze ans après sa guérison du Sida, celui qui a été surnommé “le patient de Berlin”, l'américain Timothy Ray Brown, s'est éteint ce mercredi 30 septembre d'un cancer, a fait savoir la Société internationale sur le sida (IAS). “Ces six derniers mois, Timothy vivait avec une récidive de la leucémie” qui avait notamment atteint son cerveau, mais “était resté à l'abri du virus VIH", a souligné la Société dans un communiqué.
Le compagnon de Timothy Ray Brown avait annoncé quelques jours auparavant que ce dernier était en phase terminale. “Timothy ne meurt pas du VIH, que les choses soient claires", avait-il assuré la veille sur le blog du militant et auteur Mark King. Il est finalement décédé à 54 ans à son domicile, situé dans la ville de Palm Springs, en Californie (États-Unis).
Cas médical exceptionnel
Cet homme qui a été soigné à Berlin, où il vivait à l'époque, est le seul cas connu a être redevenu séronégatif. Cette première médicale a soulevé de nombreux espoirs. Cependant, son cas de guérison est très particulier. “Timothy Ray Brown, contaminé en 1995, avait suscité l’espoir quand des chercheurs avaient révélé sa guérison fonctionnelle en 2007, après une transplantation de cellules souches, raconte l'association française de lutte contre le VIH Aides. Ce dernier, atteint d’une forme de leucémie chronique nécessitant un don de moelle, avait fini par accepter l’opération risquée. Beaucoup de patients n’obtiennent aucune compatibilité avec un donneur potentiel. Il en a eu 267. Cela a donné l’idée à son médecin de trouver parmi les donneurs, un ou une ayant une mutation génétique (CCR5 Delta 32) des lymphocytes CD4, mutation très rare qui les immunisent presque complètement du VIH.” Une opération lourde qui a abouti à la disparition de trace du virus dans son corps, mais qu'il devra réitérer en raison d'une récidive un an plus tard de sa leucémie. Guéri des deux maladies qui le rongeaient, l'homme avait décidé de briser l'anonymat qui le surnommait “le patient de Berlin” pour soutenir la recherche et donner espoir.
La méthode médicale dont il a bénéficié a ensuite été répété avec “le patient de Londres”, avant d'être révélé au public en mars 2019. Cependant, si les deux hommes sont considérés comme “guéris”, ce protocole ne s'est pas imposé en raison de sa lourdeur et des risques associés à la suppression du système immunitaire du receveur par chimiothérapie. Aujourd'hui, les traitements antirétroviraux permettent aux personnes de vivre une vie quasi normale avec le VIH. En France, plus de 150 000 personnes sont séropositives, et 6 200 autres ont découvert leur contamination en 2018, selon Santé publique France.