- Chez les personnes diabétiques en surpoids, un contrôle du taux de sucre dans le sang, associé à un régime alimentaire et à de l'exercice physique, permet de préserver les capacités cognitives.
- En rechanche, chez les personnes obèses, le régime alimentaire et l'exercice montrent des résultats mitigés. Selon les chercheurs, cela s'explique par le dépassement d'un "point de non-retour d'un point de vue cognitif".
Touchant près de 3,3 millions de personnes en France, soit 5% de la population, le diabète de type 2 est une maladie chronique qui se caractérise par un taux anormalement élevé de sucre dans le sang. Causé par un déficit d’insuline, une hormone produite par le pancréas, et qui régule naturellement le taux de glucose présent dans le sang, le diabète de type 2 nécessite un contrôle glycémique plusieurs fois par jour, pour adapter les doses d'insuline et ainsi éviter une hyperglycémie qui peut, dans certains cas, s’avérer mortelle.
Selon une nouvelle étude du Pennington Biomedical Research Center et publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, surveiller son taux de sucre dans le sang est aussi primordial pour sa santé cognitive.
“Il est important de bien contrôler son taux de sucre dans le sang pour éviter les mauvais effets du diabète sur le cerveau, affirme le professeur Owen Carmichael, directeur de l'imagerie biomédicale du Pennington Biomedical Research Center. Ne pensez pas que vous pouvez simplement vous laisser aller jusqu'à l'obésité, perdre un peu de poids et que tout va bien pour votre cerveau. Le cerveau a peut-être déjà pris un virage dont il ne peut plus se détourner."
Une amélioration de la cognition
Pour étudier les effets de l’hyperglycémie sur les capacités cognitives, les chercheurs ont suivi 1 100 volontaires. Pendant une année, un groupe de participants a modifié son régime alimentaire et son activité physique grâce à un programme personnalisé conçu pour chacun d’entre eux à perdre 7% de leur poids et à maintenir cette perte de poids. L’autre groupe a simplement été invité à participer à trois sessions par an qui portaient sur l'alimentation, l'activité physique et le soutien social. Des tests cognitifs (tests de réflexion, d'apprentissage et de mémoire) ont été réalisés entre 8 et 13 ans après le début de l'étude.
Les chercheurs avaient comme hypothèse de départ que les personnes dont le taux de sucre dans le sang, l'activité physique et la perte de poids s'étaient améliorés obtiendraient de meilleurs résultats aux tests cognitifs. En réalité, seule la réduction du taux de glycémie a effectivement amélioré les résultats des tests. “Chaque petite amélioration dans le contrôle du taux de sucre dans le sang était associée à une légère amélioration de la cognition", constate Owen Carmichael.
Un “point de non-retour” pour le cerveau
En revanche, la perte de poids et l’exercice n’ont pas toujours fait augmenter les résultats des tests cognitifs. Les personnes qui ont perdu plus de poids ont amélioré leurs compétences en matière de fonctions exécutives : mémoire à court terme, planification, contrôle des impulsions, attention et capacité à passer d'une tâche à l'autre. Toutefois, leur apprentissage verbal et leur mémoire globale ont décliné.
“Les résultats ont été plus mauvais pour les personnes qui étaient obèses au début de l'étude", relate Owen Carmichael, qui estime que “les personnes diabétiques qui ont laissé leur obésité aller trop loin, pendant trop longtemps, peuvent avoir dépassé le point de non-retour, au niveau cognitif".
A contrario, l'augmentation de l'activité physique a généré plus de bénéfices pour les personnes en surpoids et ne souffrant donc pas d’obésité.