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Découverte

Le SARS-CoV 2 protègerait de… la douleur !

Selon des chercheurs de l’université d’Arizona, le virus SARS-CoV-2 aurait la capacité de neutraliser la douleur. Ce qui expliquerait notamment le nombre de cas asymptomatiques ou de patients développant peu de symptômes.

Le SARS-CoV 2 protègerait de… la douleur ! Rost-9D/iStock




L'ESSENTIEL
  • En se liant aux mêmes transmetteurs cellulaires que la protéine responsable de la douleur, le SARS-CoV-2 inhibe les voies de signalisation de la douleur.
  • Cette découverte pourrait donner lieu à une nouvelle classe thérapeutique contre la douleur, en remplacement des opiacées.

Le SARS-CoV 2, le virus responsable de l’épidémie de Covid-19, aurait la capacité d’inhiber la douleur chez les personnes qui en sont porteuses.C’est l’étonnante conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université d’Arizona (États-Unis). Dans une étude publiée dans la revue Pain, Rajesh Khanna, professeur au Collège de médecine avance que le virus réduit au silence les voies de signalisation de la douleur dans l'organisme. Ce qui pourrait expliquer pourquoi la moitié des personnes testées positives au nouveau coronavirus développent peu ou pas de symptôme.

“Il m'a semblé très logique que la raison de la propagation constante de la Covid-19 soit peut-être que dans les premiers stades, vous vous promenez comme si de rien n'était parce que votre douleur a été supprimée, explique Rajesh Khanna. Vous avez le virus, mais vous ne vous sentez pas mal parce que votre douleur a disparu. Si nous pouvons prouver que c'est ce soulagement de la douleur qui fait que la Covid-19 se propage davantage, cela a une valeur énorme.”

Deux “clés” pour une même serrure

Les virus infectent les cellules hôtes par l'intermédiaire de récepteurs de protéines sur les membranes cellulaires. Au début de la pandémie, les scientifiques ont établi que la protéine de pointe du SARS-CoV-2 utilisait le récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) pour pénétrer dans l'organisme. Depuis, deux nouveaux articles ont indiqué que la neuropiline 1 était le second récepteur du virus.

“Cela a attiré notre attention parce que depuis 15 ans, mon laboratoire étudie un complexe de protéines et de voies liées au traitement de la douleur qui sont en aval de la neuropiline, développe le Rajesh Khanna. Nous avons donc pris du recul et réalisé que cela pourrait signifier que la protéine de pointe est peut-être impliquée dans une sorte de traitement de la douleur.”

La douleur est signalée au corps par de nombreuses voies biologiques, parmi lesquelles une protéine appelée facteur de croissance endothélial vasculaire A (VEGF-A). Celle-ci joue un rôle essentiel dans la croissance des vaisseaux sanguins mais qui a également été liée à des maladies telles que le cancer, l'arthrite rhumatoïde et, plus récemment, la Covid-19.

Comme une clé dans une serrure, lorsque le VEGF-A se lie au récepteur de la neuropiline, il déclenche une cascade d'événements entraînant l'hyperexcitabilité des neurones, ce qui provoque de la douleur. Rajesh Khanna et son équipe de recherche ont découvert que la protéine de pointe du SARS-CoV-2 se lie à la neuropiline exactement au même endroit que le VEGF-A.

Plusieurs expériences en laboratoire et sur des souris ont été menées afin de vérifier que la protéine de pointe du SARS-CoV-2 agit sur la voie de la douleur VEGF-A/neuropiline. Ils ont utilisé le VEGF-A comme déclencheur pour induire l'excitabilité des neurones, ce qui crée de la douleur, puis ils ont ajouté la protéine de pointe du nouveau coronavirus.

“La protéine de pointe a complètement inversé la signalisation de la douleur induite par le VEGF, affirme le docteur Khanna. Peu importe si nous utilisons des doses très élevées de protéines de pointe ou des doses extrêmement faibles, cela a complètement inversé la douleur."

L’espoir d’en finir avec les addictions aux opiacées

Désormais, Rajesh Khanna fait équipe avec des immunologistes et des virologistes de UArizona Health Sciences pour poursuivre ses recherches sur le rôle de la neuropiline dans la propagation de la Covid-19. Les chercheurs misent notamment l’espoir de pouvoir explorer une nouvelle classe de thérapies contre la douleur, en envisageant notamment la neuropiline comme méthode pour lutter contre l’addiction aux opiacées.

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