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Énergie

Vivre à 10 milliards sur Terre de manière décente, c’est possible

Par Jean-Guillaume Bayard

Des niveaux de vie décents peuvent être fournis à 10 milliards d’être humains, qui devraient peuplés la Terre d'ici 2050, pour moins de 40% de l'énergie mondiale actuelle.

deberarr/iStock
La consommation mondiale d'énergie en 2050 pourrait être ramenée aux niveaux des années 1960 et offrir encore un niveau de vie décent à une population trois fois plus grande.
Dans les pays qui sont aujourd'hui les plus gros consommateurs par habitant, des réductions d'énergie de près de 95% sont possibles tout en assurant un niveau de vie décent à tous.
Seulement 17% de la consommation d'énergie finale mondiale provient de sources de combustibles non fossiles.

La population mondiale devrait se rapprocher des 10 milliards d’habitants dans les prochaines décennies. Si une récente étude a estimé que ce chiffre ne serait pas atteint et que le pic de population est attendu pour 2064 avec 9,7 milliards, l'éventualité d'arriver.à 10 milliards doit tout de même être prise en compte. Quoi qu’il en soit, une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni), suggère que des niveaux de vie décents peuvent être fournis à 10 milliards d’individus pour moins de 40% de l'énergie mondiale actuelle. Les résultats ont été publiés dans l’édition de novembre de la revue Global Environmental Change.

Pas d’hommes des cavernes

La consommation mondiale d'énergie en 2050 pourrait être ramenée aux niveaux des années 1960 et offrir encore un niveau de vie décent à une population trois fois plus grande. Cela représente environ 25% des prévisions de l'Agence internationale de l'énergie si les tendances actuelles se poursuivent et couvrent tous les besoins humains fondamentaux tels que le logement, la mobilité, la nourriture et l'hygiène tout en ayant également accès à des soins de santé, de l'éducation et des technologies de l'information de haute qualité. Pour y parvenir, il faudrait des changements radicaux dans la consommation actuelle, un déploiement généralisé de technologies de pointe et l'élimination des inégalités mondiales de masse.

Les résultats montrent que l'énergie nécessaire pour assurer une vie décente pourrait probablement être entièrement satisfaite par des sources propres. Les auteurs réfutent les affirmations selon lesquelles réduire la consommation mondiale à des niveaux durables nécessite la fin des conforts modernes et un “retour aux âges sombres”. “Oui, peut-être, mais ce sont des grottes plutôt luxueuses avec des installations très efficaces pour cuisiner, stocker la nourriture et laver les vêtements ; des températures confortables maintenues tout au long de l'année, des réseaux informatiques — entre autres — sans oublier les plus grandes grottes offrant des soins de santé et une éducation universels à tous les enfants de 5 à 19 ans”, ont ironisé les chercheurs face à la critique selon laquelle une réforme énergétique radicale exigerait que nous redevenions tous des “habitants des cavernes”.

Des réductions de près de 95% possibles

Pour cette étude, les chercheurs ont calculé les besoins énergétiques réels pour assurer un niveau de vie décent. Il s’agit de celle livrée à la porte du consommateur, par exemple, le chauffage, l'électricité ou l'essence qui entre dans une voiture, plutôt que l'énergie incorporée dans les carburants eux-mêmes, dont une grande partie est perdue dans les centrales électriques par exemple dans le cas des combustibles fossiles. L'équipe a construit un modèle énergétique qui s'appuie sur une liste de besoins matériels de base pour le bien-être humain.

Ils ont comparé la consommation d'énergie finale actuelle dans 119 pays aux estimations de l'énergie finale nécessaire à une vie décente et ont révélé que la grande majorité des pays vivent dans un excédent significatif. Dans les pays qui sont aujourd'hui les plus gros consommateurs par habitant, des réductions d'énergie de près de 95% sont possibles tout en assurant un niveau de vie décent à tous. “Actuellement, seulement 17% de la consommation d'énergie finale mondiale provient de sources de combustibles non fossiles. Mais c'est près de 50% de ce que nous estimons nécessaire offrir un niveau de vie décent à tous en 2050”, avance le docteur Joel Millward-Hopkins, auteur principal de l’étude.