Intitulée Précarité et séroprévalence de la Covid-19 en Ile-de-France, une nouvelle étude de Médecins sans frontières (MSF) montre qu’une forte proportion de personnes précaires a été infectée par le virus SARS-CoV-2 : la séroprévalence varie de 18 à 94% selon les sites étudiés, qui comprennent quatorze lieux d’intervention de l’ONG en région parisienne.
La personne doit partager chambre, douches et cuisine
Malgré les gestes barrière, “les résultats confirment que la circulation du virus a été plus particulièrement active dans les situations où la promiscuité était la plus forte, c’est-à-dire quand la personne doit partager chambre, douches et cuisine avec plusieurs autres personnes", souligne Thomas Roederer, épidémiologiste et responsable de cette étude.
L’étude a été menée auprès de 818 personnes réparties sur deux sites de distribution alimentaire, deux foyers de travailleurs et dix centres d’hébergement d’urgence, situés à Paris, dans le Val d’Oise et en Seine-Saint-Denis.
Dans tous ces sites, la proportion de personnes exposées au virus qui ont développé des anticorps face au Covid-19 s’est révélée très élevée. La variation importante de cette séroprévalence s’explique par la forte promiscuité dans les lieux de vie : de 23 à 62% au sein des centres d’hébergement d’urgence, de 18% à 35% dans les deux sites de distribution alimentaire, et de 82% à 94% dans les deux foyers de travailleurs.
“Mieux protéger”
Parmi les 543 personnes ayant participé à l’enquête dans les centres d’hébergement, une personne sur deux était séropositive au SARS-CoV-2. À titre de comparaison, une récente enquête menée par Santé publique France vient de montrer qu’une personne sur dix était séropositive en Ile-de-France.
“Cette enquête avait pour principal objectif d’évaluer l’intensité de la circulation du virus auprès de populations en situation de grande précarité et de définir des actions de prévention spécifiques pour mieux les protéger. Avec la recrudescence du nombre de cas positifs en France, notre enquête confirme la nécessité de conduire davantage d’études épidémiologiques pour mieux définir les stratégies prioritaires vis-à-vis des populations les plus à risque", conclut Thomas Roederer.