On appelle ce système le “couteau suisse de l'édition du génome”. Au-delà d'un outil aux multiples applications, c'est une révolution dans la génétique qu'a représentée la mise au point en 2012 de CRISPR-CaS9 par deux chercheuses, l'Américaine Jennifer Doudna et la Française Emmanuelle Charpentier qui viennent de se voir attribuer le prix Nobel de chimie pour ces travaux. Traitement des maladies génétiques, des affections mentales, hématologiques et évidemment des cancers, transplantations d'organe mais aussi biologie animale et végétale, autant de domaines dans lesquels CRISPR-CaS9, aussi appelé “ciseaux génétiques” permet tout simplement de “réécrire le code de la vie”.
CRISPR-CaS9 a apporté les réponses à ces insuffisances à travers un système à deux facettes : un ARN, CRISPR, agit comme une sorte de GPS pour se positionner sur la partie d'ADN que l'on veut modifier. C'est à ce moment-là qu'intervient CaS9, une protéine, qui vient casser ou modifier cet ADN. Ensuite, c'est la cellule visée par cette manipulation qui se “répare” elle-même à travers un processus déclenché par la cassure de l'ADN.
Autrement dit, l'effet recherché pourrait se produire ailleurs que là où on l'attend avec des conséquences lourdes. Si l'on sait cibler un gène spécifique avec CRIPR-Cas9, on ignore si son utilisation sur cette cible ne pourrait pas entraîner d'autres modifications non désirées en d'autres endroits du génome, ce que l'on appelle les modifications “hors cible”. C'est ce qui s'était produit en 2015 lorsqu'une équipe de généticiens chinois avait modifié des embryons humains pour supprimer le gène d'une maladie du sang. Et par ailleurs, si l'opération cassure/désactivation ou remplacement de la séquence est mieux contrôlée, la réparation de la cellule qu'elle provoque se fait, elle, sans la moindre possibilité de contrôle.
Mais une fois ces limites dépassées, les scientifiques s'accordent pour dire que l'on devrait voir apparaître les applications humaines d'ici à quelques années. Elles offrent en effet des perspectives telles que le prélèvement de cellules, leur modification extra-corporelle et leur réintégration dans l'organisme pour prévenir ou corriger les désordres génétiques qui sont à l'origine de certaines maladies ou mieux évaluer des traitements.
Retrouvez ci-dessous l'émission "Santé 2030" sur les ciseaux génétiques CRISPR-CaS9:
Comme un “copier-coller”
Ce système permet de modifier un segment d'ADN pour le remplacer, comme dans un copier-coller, par un segment modifié. Concrètement, sur une personne souffrant d'une maladie liée à un gène défectueux, CRISPR-CaS9 permet de rendre ce gène inactif ou d'introduire à sa place un gène fonctionnant correctement. Cela peut paraître simple mais aboutir à un tel résultat a demandé plus de 25 ans de recherches ! “Dès le début des années 2000, on savait déjà modifier l'ADN, rappelait dans l'émission "Santé 2030" portant sur les travaux prospectifs réalisés par le LEEM (le syndicat de l'industrie pharmaceutique) Carine Giovannangeli, directeur de recherche au CNRS, mais c'était assez laborieux, peu ciblé et peu efficace.”CRISPR-CaS9 a apporté les réponses à ces insuffisances à travers un système à deux facettes : un ARN, CRISPR, agit comme une sorte de GPS pour se positionner sur la partie d'ADN que l'on veut modifier. C'est à ce moment-là qu'intervient CaS9, une protéine, qui vient casser ou modifier cet ADN. Ensuite, c'est la cellule visée par cette manipulation qui se “répare” elle-même à travers un processus déclenché par la cassure de l'ADN.
Une aventure qui se poursuit
Par rapport aux systèmes précédents, les “ciseaux moléculaires” CRISPR-CaS9 apportent ainsi davantage de précision et d'efficacité. Mais l'aventure n'est pas terminée. Si cet outil est aujourd'hui utilisé dans des milliers de laboratoires, il présente encore quelques limites. “Le positionnement de CRISPR sur l'ADN fait gagner en précision mais il est possible qu'il se place sur d'autres séquences qui présentent des ressemblances avec la séquence ciblée”, explique ainsi Carine Giovannangeli.Autrement dit, l'effet recherché pourrait se produire ailleurs que là où on l'attend avec des conséquences lourdes. Si l'on sait cibler un gène spécifique avec CRIPR-Cas9, on ignore si son utilisation sur cette cible ne pourrait pas entraîner d'autres modifications non désirées en d'autres endroits du génome, ce que l'on appelle les modifications “hors cible”. C'est ce qui s'était produit en 2015 lorsqu'une équipe de généticiens chinois avait modifié des embryons humains pour supprimer le gène d'une maladie du sang. Et par ailleurs, si l'opération cassure/désactivation ou remplacement de la séquence est mieux contrôlée, la réparation de la cellule qu'elle provoque se fait, elle, sans la moindre possibilité de contrôle.
Des précautions éthiques
L'autre limite à l'utilisation de CRISPR-CaS9 est tout simplement éthique : modifier le génome des cellules humaines ouvre la porte à toutes les manipulations génétiques imaginables ! C'est la raison pour laquelle, en dehors de quelques essais cliniques, ce système ne peut pas encore être légalement utilisé sur l'homme et qu'il faudra attendre des évolutions législatives capables d'empêcher les dérives de ses applications pour que CRISPR-CaS9 devienne un véritable outil thérapeutique.Mais une fois ces limites dépassées, les scientifiques s'accordent pour dire que l'on devrait voir apparaître les applications humaines d'ici à quelques années. Elles offrent en effet des perspectives telles que le prélèvement de cellules, leur modification extra-corporelle et leur réintégration dans l'organisme pour prévenir ou corriger les désordres génétiques qui sont à l'origine de certaines maladies ou mieux évaluer des traitements.
Retrouvez ci-dessous l'émission "Santé 2030" sur les ciseaux génétiques CRISPR-CaS9: