En France, un enfant sur 5 qui présente une anomalie visuelle. Or, comme le souligne l’association Helen Keller Europe qui développe le programme PlanVue pour lutter contre les troubles visuels à l’école, 80% des apprentissages passent par les yeux. Prendre soin de ses yeux et rectifier les problèmes éventuels sont donc essentiels. Le professeur d’ophtalmologie et responsable du centre du glaucome de l’AP-HP à l’Hôpital Ambroise-Paré et membre du conseil d'administration de l'association, Antoine Labbé, met l’accent sur la nécessité de garder un œil ouvert sur les comportements de l’enfant afin de détecter d’éventuels troubles visuels.
Ces troubles ont également de réels effets sur les interactions sociales des enfants. Les conséquences sont à la fois émotionnelles et sociales. Lorsque l’on joue avec les autres et que l’on ne voit pas bien où vont les billes ou la balle, on ne sera pas pris dans l’équipe et cela influe sur le développement futur de l’enfant. Les effets des troubles dépassent le simple apprentissage.
Quels sont les troubles visuels qui touchent les enfants ?
Il y en a beaucoup mais, les plus fréquents, ce sont les troubles de la réfraction. La réfraction caractérise la capacité de l’oeil de faire une image nette sur la rétine. Ces troubles optiques sont principalement la myopie, l’astigmatisme et l'hypermétropie. La prévalence d’un trouble par rapport à un autre varie en fonction des régions mais, en Europe, ceux que l’on retrouve le plus sont la myopie et l’astigmatisme. Les enfants ont une autre particularité, c’est qu’ils sont des êtres en devenir et donc en développement. Il peut y avoir des troubles de coordination qui ne durent pas. Ils sont aussi sujets à des maladies des yeux plus sévères tels que des cancers, glaucomes ou encore cataractes. Ils sont traités plus rapidement et sont plus rares.Comment se déclarent-ils ?
Beaucoup de ces troubles visuels peuvent passer relativement inaperçus. Cela renforce l’intérêt de faire un dépistage. Parfois, quand l’enfant peut parler, il va se plaindre, ou les parents vont se rendre compte qu’il a un comportement qui révèle l’existence d’un trouble. Cela peut se caractériser par le fait de toujours se pencher sur sa feuille ou l’objet qu’il traite ou de se coller à la télé quand il la regarde. Ce sont souvent les petits signes qui doivent alerter. L’enfant qui a un trouble visuel peut également se frotter un peu trop les yeux. Il peut également avoir une attitude un peu bizarre de la tête, un enfant qui fait du strabisme par exemple va souvent avoir la tête penchée. Dans les familles avec antécédents visuels, il faut être alerté et faire dépister les enfants.Comment se déroule le dépistage ?
Pour faire un dépistage, il faut analyser des éléments plus particuliers. Pour ça, il faut mesurer l’acuité visuelle de l’enfant en étudiant un œil puis l’autre. Quand on a deux yeux, on compense les anomalies d’un œil avec l’autre donc il est essentiel d’isoler chaque œil pour vérifier s’il existe un trouble. Il faut également voir s’il a bonne vision des reliefs, des couleurs. Si des anomalies sont repérées, un examen ophtalmologique complet doit être réalisé. Normalement, il y a un dépistage obligatoire par la médecine scolaire en classe de CP. Parfois, certains troubles passent à côté.Comment évoluent ces troubles dans le temps ?
La vision se développe avec la stimulation visuelle. Si on prend un enfant qui a un devenir visuel normal et qu’on lui cache un œil pendant deux ans, il ne verra plus jamais normalement de cet œil. Entre 0 et 6 ans, la vision se développe par la stimulation visuelle. Une pathologie qui n’est pas dépistée avant 6 ans peut entrainer un déficit visuel qui ne sera jamais récupérable et conduire à l’amblyopie, trouble du développement visuel.Quels sont les effets des troubles visuels sur la scolarité des enfants ?
Pour les troubles de la réfraction, les plus fréquents, le risque c’est qu’une anomalie visuelle qui n’est pas corrigée entraîne des difficultés d’apprentissage, voire d’interaction sociale. Des études ont montré que ces troubles engendrent des problèmes de lecture. D’autres ont montré que parmi les enfants qui ne réussissent pas à l’école, la proportion d’enfants qui ont un trouble visuel est plus élevée. L’enfant qui ne voit rien et qui s’assoit au fond de la classe ne va pas comprendre, s’ennuyer et ne va pas apprendre. Le sens de la vision est essentiel pour l’apprentissage et le travail à l’école.Ces troubles ont également de réels effets sur les interactions sociales des enfants. Les conséquences sont à la fois émotionnelles et sociales. Lorsque l’on joue avec les autres et que l’on ne voit pas bien où vont les billes ou la balle, on ne sera pas pris dans l’équipe et cela influe sur le développement futur de l’enfant. Les effets des troubles dépassent le simple apprentissage.