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Peau

La délicate prise en charge des cicatrices chéloïdes

Par Thierry Borsa

Des cicatrices… qui ne cicatrisent jamais. C'est ce que l'on appelle les cicatrices chéloïdes qui laissent des marques importantes sur la peau et pour lesquelles ni prévention ni traitement n'ont jusqu'alors démontré une entière efficacité. Le point avec le docteur Richard Zloto, chirurgien plastique.

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Les cicatrices chéloïdes sont dues à une réaction cicatricielle qui ne s'estompe pas avec le temps.
On peut faire de la prévention pour éviter que la cicatrice ne devienne trop “inesthétique”, mais il n'existe en revanche aucune solution miracle.
Parfois, cela peut être monstrueux, ressembler à un Alien !” Richard Zloto, chirurgien plastique, ne laisse ainsi aucune illusion sur les conséquences esthétiques d'une cicatrice chéloïde. Ces cicatrices peuvent apparaître notamment à la suite d'une brûlure ou en lien avec des causes génétiques — les peaux africaines ou asiatiques sont très sensibles à ce type de cicatrices — et sont dues à une réaction cicatricielle qui ne diminue pas avec le temps et qui peut même s'aggraver. Pire, ces cicatrices ont aussi tendance à grossir, c'est-à-dire qu'elles ne restent pas limitées sur le site de la blessure ou de l'incision mais s'étendent avec des ramifications.

Les cicatrices de brûlures évoluent toujours mal

Les cicatrices chéloïdes sont une sorte de “dérapage” du processus normal de cicatrisation. A la suite d'une intervention chirurgicale ou d'une blessure générant une plaie, on enregistre dans les premières semaines une rougeur, un gonflement ou parfois des démangeaisons : c'est ce qui se passe toujours lorsque la peau commence à cicatriser. Dans la plupart des cas, ces effets qui sont dus à la réaction inflammatoire qui accompagne la “réparation” de la peau durent entre deux et trois mois. Mais dans les mois qui suivent et pour les cas les plus longs dans un délai d'un an, la peau doit redevenir plate, indolore et d'une couleur unie. Sauf dans le cas de brûlures : “Ce sont toujours des cicatrices qui évoluent mal”, souligne Richard Zloto.

Des traitements préventifs… mais pas de miracles !

Cette évolution se fait souvent vers des cicatrices chéloïdes que certains considèrent comme des tumeurs bénignes. “Je n'utilise personnellement pas ce terme, le mot tumeur renvoie trop souvent à la peur du cancer et une cicatrice chéloïde n'a rien à voir avec un cancer !”, rassure le chirurgien plastique.

Alors comment éviter qu'une incision, une plaie ou une brûlure génère une cicatrice aussi visuellement désagréable que physiquement inconfortable en raison de la douleur et de la gêne dans les mouvements qu'elle peut provoquer? “Il y a des choses à faire en matière de prévention, précise Richard Zloto, éviter une suture qui tire sur la peau lorsque c'est possible ou appliquer très vite un film de silicone imperméable qui évite l'évaporation de l'eau qui est dans la peau. On a en effet longtemps cru qu'il fallait sécher une cicatrice alors que c'est tout l'inverse, il faut la garder en milieu humide pour éviter cette évaporation qui augmente la sécrétion de collagène.”

L'autre solution pour prévenir les cicatrices chéloïdes, c'est le port de vêtements qui assure une compression sur la cicatrice fraîche lorsqu'elle est à risque. “Ce sont des vêtements qui doivent être fabriqués sur mesure dans des matériaux élastiques qui compriment en permanence la partie cicatricielle”, explique Richard Zlotio.

Mais les évolutions en matière de prise en charge des cicatrices ne vont pas jusqu'à réaliser des miracles : “Une cicatrice peut devenir chéloïde quelle que soit la prévention, et c'est la plupart du temps le cas avec les brûlures!”, prévient le praticien. 

Cortisone, cryothérapie ou radiothérapie

Surtout, il n'existe pas actuellement de traitement de ces cicatrices qui, comme le souligne Richard Zloto, “fasse consensus”. “Quand la cicatrice chéloïde est constituée, le choix du traitement dépend beaucoup de son intensité”, ajoute-t-il. Ces traitements peuvent être soit des injections de cortisone dans la cicatrice afin de diminuer l'intensité du phénomène inflammatoire, soit de la cryothérapie — un traitement qui repose sur une exposition de la cicatrice à un froid intense —, soit de la radiothérapie.

En revanche, la solution de la chirurgie pour traiter une cicatrice chéloïde est à exclure : “Cela exposerait au risque de repartir vers un phénomène de cicatrisation de type chéloïdien !”, avertit le chirurgien.