- Souffrir d'anxiété, de dépression ou de troubles du comportement durant son enfance et adolescence où depuis uniquement l'adolescence semble durablement stresser l'organisme même à l'âge adulte.
- Plus édifiant, ces personnes ont un risque de mortalité prématurée plus élevé que les personnes sans ces problèmes de santé mentale durant leur minorité.
- Les femmes de ces groupes sont particulièrement touchées par des problèmes de cholestérol et d’obésité abdominale.
Pour ces chercheurs, il est évident que les difficultés psychiques rencontrées durant l'enfance influencent la trajectoire de vie une fois adulte. Mais là, il voulait à l'origine montrer que cette santé mentale influence aussi sa biologie de nombreuses années ensuite. Ainsi les cicatrices de l'enfance ne se résorberaient jamais tout à fait complètement. Pour étudier cette hypothèse, les chercheurs ont étudié l'évolution de 17 415 anglais nés la même semaine en 1958 et inscrit dans des bases de données de l'étude nationale britannique du développement de l'enfant. Ils ont alors analysé entre février 2017 et mai 2020 des biomarqueurs collectés lorsque cette cohorte avait 44-45 ans : le fibrinogène (facteur de coagulation sensible au stress), la protéine C-réactive (marqueur des inflammations), l'hémoglobine glyquée (indicateur de la concentration du glucose dans le sang sur trois mois), le cholestérol des lipoprotéines de haute et basse densité (marqueur du risque d'athérosclérose), le volume expiratoire forcé (marqueur de la santé respiratoire), la pression artérielle et le rapport taille/hanche (indicateur du risque cardiaque et du risque de mortalité prématurée). À cela, les scientifiques ont également recensé les causes de mortalité si elles sont survenues avant le 50ème anniversaire et les autres données sur la mortalité.
Troubles affectifs et comportementaux : une moins bonne santé et une mortalité prématurée plus élevée
Parmi ces données, les chercheurs ont analysé les biomarqueurs de 9 377 participants ainsi que les données de mortalité de 15 067 membres de la cohorte. Ils les ont ensuite répartis en quatre groupes selon les troubles affectifs et/ou comportementaux durant l'enfance : groupe 1 “aucun trouble affectif ou comportemental durant l'enfance ou l'adolescence”, groupe 2 “problèmes affectifs et surtout de conduite à partir de 16 ans”, groupe 3 “troubles durant l'enfance uniquement” et groupe 4 “problèmes affectifs durant l'enfance et l'adolescence”.À partir de ces comparaisons, les scientifiques notent que les personnes des groupes 2 et 4 ont des “niveaux moins favorables de fibrinogène à l'âge moyen” par rapport au groupe 1, le groupe témoin. Ils remarquent également que les femmes de ces groupes 2 et 4 souffrent également d'un plus fort taux de lipoprotéines de haute densité et d'obésité abdominale que celles du groupe 1. Or, le risque de mortalité prématurée toutes causes confondues est aussi plus élevé dans ces groupes 2 et 4. “La mortalité associée à la psychopathologie était plus élevée dans les deux groupes, et la mortalité associée à des blessures non intentionnelles était uniquement élevée dans le groupe stable-élevé”, assurent les auteurs de l'étude.
Ces chercheurs assurent que le sexe, le poids à la naissance, le tabagisme maternel pendant la grossesse, l'âge maternel, l'allaitement, la région de naissance, l'indice de masse corporelle et d'autres facteurs importants concernant la vie psychosociale de l'enfant n'influencent pas ces résultats. La santé mentale des enfants et adolescents devrait donc pour ces chercheurs être un enjeu de santé publique. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la moitié des problèmes de santé mentale débutent avant 14 ans et la dépression est la première cause de morbidité et d'invalidité chez les adolescents.