- Le décret, publié vendredi 9 octobre, prévoit avant mars 2021 l'expérimentation du cannabis thérapeutique auprès de 3 000 patients atteints de maladies graves.
- Le protocole, très encadré et limité, exclut le cannabis à fumer.
Près de deux ans après l’avis favorable de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et après un long piétinement dû, notamment, à la crise sanitaire, le cannabis thérapeutique sera prochainement expérimenté en France.
Vendredi 9 octobre, le ministère de la Santé a donné par décret son feu vert à une expérimentation très contrôlée qui devrait profiter à 3 000 patients souffrant de certaines formes d’épilepsie, de sclérose en plaques, de douleurs neuropathiques ou encore d’effets secondaires de chimiothérapie. Le décret précise que l’expérimentation devra débuter avant mars 2021.
"Le décret est publié dans un contexte difficile pour les malades en particulier, victimes d’une stigmatisation toujours plus forte et d’un discours gouvernemental offensif contre le cannabis en général", a déclaré dans un communiqué le Collectif Alternative pour le cannabis à visée thérapeutique (ACT).
Discours dissonants dans la majorité
Porté initialement par Olivier Véran, alors député de la majorité, le texte prévoyait initialement une expérimentation dès le mois de septembre. Depuis, un durcissement de ton à l’égard de la consommation de cannabis en France, avait semé le doute, jusque dans les rangs des députés LREM. Depuis le 1er septembre, l’amende forfaitaire de 200 euros a été généralisée à tous les usagers de drogue, y compris de cannabis, et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est fermement opposé à tout dépénalisation, qualifiant le cannabis de "merde". Interrogée cette semaine sur la chaîne LCP, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa avait déclaré être personnellement opposée au cannabis thérapeutique, avant de rétropédaler face à la gronde des députés en pointe sur la question, y compris de la majorité. Elle a alors expliqué avoir mal compris la question et s'être prononcée sur le cannabis récréatif.
Déjà autorisé dans une trentaine de pays au monde, le cannabis à usage médical était pourtant vivement attendu par les associations de malades, ainsi que par les députés de la mission parlementaire qui travaillaient sur le sujet depuis des mois. "Il faut que la France sorte de la préhistoire en matière de cannabis", avait ainsi déclaré le rapporteur général de la mission, Jean-Baptiste Moreau (LREM), cité par Le Monde, faisant valoir que le cannabis "est une drogue mais qui peut aussi être un médicament".
Un protocole très encadré
Le décret précise bien qu’il n’est pas question, pour les patients concernés, de se voir prescrire des joints par leur médecin traitant, le protocole de délivrance du cannabis thérapeutique étant strictement défini. La première prescription devra ainsi être rédigée par un médecin spécialiste, un neurologue ou encore un médecin de la douleur, au sein des centres hospitaliers et centres de référence choisi pour participer à l’expérimentation.
Les produits testés ne se présenteront pas sous forme de cannabis à fumer, mais sous forme d’huile, de gélules ou encore de fleurs séchées en vaporisateur.