- 6 infirmiers sur 10 ont vu leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise sanitaire et 2/3 déclarent que leurs conditions de travail se sont détériorées.
- 57% des répondants estiment être en état d'épuisement professionnel.
- 43% des infirmiers ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans 5 ans.
Les coupes budgétaires opérées dans l’hôpital public, le manque de reconnaissance et la crise sanitaire ont laissé les infirmières et les infirmiers exsangues.
C’est le constat que fait une vaste enquête réalisée par l’Ordre national des infirmiers auprès de 6 000 professionnels de santé, et dont les résultats viennent d’être rendus publics ce dimanche.
Alors que de nouvelles métropoles viennent d’être classées en zone d’alerte maximale, et que se profile la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, l’enquête met en lumière l’état d’épuisement professionnel qui touche l’ensemble de la population des infirmières et des infirmiers.
Un impact sur la qualité des soins et sur la gestion de la crise sanitaire
Déjà ébranlés par les restrictions budgétaires et les réductions d’effectifs, les infirmiers n’en peuvent plus de leurs conditions de travail. Près de deux tiers des répondants estiment ainsi que celles-ci "se sont détériorées depuis le début de la crise" sanitaire, dont 64% parmi les infirmiers salariés ou travaillant en établissement. 59% des infirmiers ont vu "leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise" alors qu’un infirmier sur cinq "n’a pas pu prendre de congés depuis mars dernier".
Cette détérioration des conditions de travail a des répercussions sur l’état de santé et de fatigue des soignants. Alors qu’ils étaient 33% à s’estiment en situation d’épuisement professionnel avant la crise sanitaire, ils sont désormais 57% à déclarer être en état de burn out, avec "un fort risque d’impact sur la qualité des soins" pour 48% d’entre eux.
Résultat : nombreux sont ceux qui ont vu leur vocation d’infirmier vaciller. 37% des sondés ont désormais envie de changer de métier et 43% avouent ne pas savoir s’ils seront toujours infirmiers dans cinq ans.
L’enquête menée par l’Ordre national des infirmiers pointe également les "points de fragilité inquiétants" dans la capacité collective à faire face à un regain épidémique. Ainsi, un tiers des répondants considère "être moins nombreux que d’habitude" pour faire face à la crise sanitaire et 43% ont le sentiment "de ne pas être mieux préparés collectivement our répondre à une nouvelle vague de contaminations". Enfin, 44% des infirmiers, dont 68% de libéraux, estiment que les équipements de protection sont en quantité insuffisante pour les protéger d’une contamination à la Covid-19.
Une grève prévue le 15 octobre
Si des revalorisations salariales ont été promises lors du Ségur de la Santé, les promesses faites par le gouvernement restent à ce jour insuffisantes, estime l’Ordre national des infirmiers. "Les infirmiers sont fatigués, malmenés et surchargés alors que les signaux sont au rouge sur une grande partie des métropoles", s’alarme-t-il dans un communiqué. À l’initiative des syndicats de la profession, un appel à la grève a été fait pour le jeudi 15 octobre. Son objectif : obtenir "des embauches massives immédiates" et une "revalorisation significative des salaires".