- La coordination de protéines à partir de signaux électriques provoque les battements du coeur
- La meilleure connaissance de ce mécanisme permettrait de mieux traiter les cardiomyopathies
Le cœur cache encore quelques mystères. Des scientifiques à travers le monde essayent de les percer jour après jour. Des chercheurs de l’université d’Etat de Washington révèlent l'une de ces facettes de l’organe cardiaque. Dans la revue spécialisée PLOS Biology, ils racontent comment ils ont découvert l’implication de protéines dans la fabrication du battement cardiaque. Elles ressemblent à de longs filaments et se coordonnent grâce à des signaux électriques pour permettre au cœur de battre.
Une architecture précise
"C’est conçu d’une très jolie façon", souligne Alla Kostyukova, co-autrice de la recherche. Les protéines identifiées par la chercheuse et son équipe sont de petits filaments, appelés "actine". Les signaux électriques leur permettent de se lier et de délier pour former une architecture précise. Lorsque les protéines sont parfaitement alignées, elles peuvent se coordonner et permettre les battements du cœur. Une autre protéine, la tropomyosine, intervient dans cette mécanique pour vérifier que les différents filaments sont à la bonne taille.
L’étude a été réalisée grâce à plusieurs techniques de pointe. Les chercheurs ont notamment utilisé la résonance magnétique nucléaire, une méthode proche de l’IRM, pour comprendre le fonctionnement des protéines à l’échelle atomique. "La probabilité de réussir à montrer ce mécanisme n’était pas élevée, mais l’impact de la découverte l’est", se félicite Dmitri Tolkatchev, co-auteur de l’étude.
Améliorer la prise en charge des cardiomyopathies
Au-delà de l’aspect esthétiques de ces protéines, elles sont indispensables au développement d’un cœur en bonne santé. Les chercheurs souhaitent utiliser leurs résultats dans la lutte contre les maladies cardiaques héréditaires, liées à des mutations génétiques des protéines, comme la cardiomyopathie. Dans cette maladie, les filaments dont sont composées les protéines sont de longueur inégale. "Notre travail est de prouver que ces mutations sont à l’origine de ces pathologies et de proposer des stratégies de traitement", explique la scientifique. D’après elle, ces maladies concernent une personne sur 500 à travers le monde. Elles ont un impact irrémédiable sur la vie des patients et peuvent parfois provoquer leur décès.