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Une étude sur le cuivre

Alzheimer : le poids des facteurs environnementaux s'alourdit

Par Cécile Coumau

L'accumulation de cuivre dans le cerveau jouerait un rôle la maladie d'Alzheimer, suggère une nouvelle étude. Avec ces résultats, l'Alzheimer devient de plus en plus une maladie environnementale.

VINCENT DAMOURETTE/SIPA/1304171015
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Dans les plaques séniles des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, on trouve du fer ou encore du zinc. L’aluminium a aussi un temps été mis en cause. Et tout récemment, c’est le rôle du cuivre dans la formation de ces plaques qui a fait l’objet de publications scientifiques. L’origine environnementale de la maladie d’Alzheimer ne fait donc plus de doute. D’autant que les métaux lourds que nous absorbons tous les jours, notamment par le biais de notre alimentation, ne sont pas les seuls facteurs environnementaux sur le banc des accusés.


Selon une étude parue en juillet 2011 et présentée lors de la conférence internationale de l’association Alzheimer, près de la moitié des cas d’Alzheimer sont dus au style de vie : 19% des cas seraient pourraient être favorisés par le faible niveau d’instruction, 14% au tabagisme, 13% à l’inactivité, 11% à la dépression, 5% à l’hypertension, 2% à l’obésité et 2% encore au diabète. Même si le lien de cause à effet entre ces facteurs de risque et la maladie d’Alzheimer n’est pas établi formellement, il est clair que la susceptibilité génétique n’explique pas tout.


Ecoutez le Pr Philippe Amouyel, chercheur à l’Institut Pasteur de Lille et directeur de la Fondation Plan Alzheimer : "Les études de jumeaux tendent à montrer que la maladie d'Alzheimer serait liée à des susceptibilités individuelles".



Cependant, notre environnement pourrait s’avérer aussi bien dangereux que protecteur. Et notamment en ce qui concerne le cuivre puisque son rôle dans la maladie d’Alzheimer fait débat. Deux études récentes ont démontré que comme d’autres métaux lourds, la concentration de cuivre dans l’organisme était bel et bien impliquée dans la maladie d’Alzheimer.

« En fait, depuis quelques années, explique le Pr Philippe Amouyel, chercheur à l’Institut Pasteur de Lille et directeur de la Fondation Plan Alzheimer, on sait que le mécanisme à l’origine de la maladie d’Alzheimer, c’est à dire la précipitation de la protéines bêta-amyloïde qui va former à la longue les plaques séniles, est contrôlée en particulier par les métaux, et notamment le cuivre. Une équipe de chercheurs a donc voulu savoir quelle était la concentration optimale de cuivre pour assurer cette précipitation ou la réduire. » Les résultats de ces travaux, parus en février dernier dans Nature, semble indiquer que le cuivre protège le cerveau de la précipitation de la protéine bêta-amyloïde, sous sa forme toxique, à l’origine de la maladie d’Alzheimer.


Ecoutez le Pr Philippe Amouyel : "Le cuivre aurait un effet bénéfique en fonction de sa concentration. Mais ce sont des résultats issus d'expériences dans des tubes à essais".




Cependant, le lien direct entre cuivre et Alzheimer reste à démontrer chez l’animal et l’homme. C’est pourquoi des chercheurs ont suivi cette piste et mené des études chez la souris. Leur étude qui vient d’être publiée dans PNAS, la revue de l’Académie nationale américaine des sciences, montre « qu'avec le temps l'effet cumulé du cuivre affecte le système permettant d'éliminer du cerveau la protéine bêta-amyloïde, qui est toxique et qui joue un rôle-clé dans la maladie d'Alzheimer », explique le Dr Rashid Deane, principal auteur de l'étude.


Ecoutez le Pr Philippe Amouyel : "Selon cette dernière étude, chez un patient déjà atteint de la maladie, il serait intéressant de réduire la concentration de cuivre dans le plasma pour facilier l'élimination de la protéine bêta-amyloïde."


Ces résultats préliminaires ne permettent pas encore de dire s’il faut éliminer ou au contraire apporter plus de cuivre aux individus. « Mais, pour le Pr Philippe Amouyel, ces résultats ouvrent la porte sur quelque chose de simple, c’est à dire l’apport ou la suppression de cuivre, qui pourrait avoir un impact sur la maladie d’Alzheimer. »