- Notre système immunitaire atteint son pic entre 11 et 14 ans, ensuite, il ne fait que lentement décliner.
- Des chercheurs britanniques ont identifié 32 maladies infectieuses qui seraient plus graves chez les jeunes adultes à partir de 20 ans, que chez les enfants.
- Seule la dengue présente un risque plus élevé chez l'enfant qu'à l'âge adulte.
Nous sommes bien moins résistants aux maladies que nous le pensons. Une étude menée par la London School of Hygiene & Tropical Medicine (Royaume-Uni) démontre que le risque d’aggravation des maladies que nous pouvons contracter débute au moment d’entrer à la fin de l’adolescence, aux alentours de 20 ans. Le pic de la fonction immunitaire serait atteint entre 11 et 14 ans, avant de s’effondrer progressivement avec l’âge. Les résultats de leur étude ont été publiés le 15 octobre 2020 dans Scientific data.
Les scientifiques ont dressé une liste de 32 maladies infectieuses (19 d’origines virales et 13 bactériennes) qui deviendraient plus dangereuses à mesure que nous vieillissons. Parmi elle, on retrouve pêle-mêle la variole, la varicelle, la mononucléose ou encore la fièvre jaune. Pour toutes ces infections, hormis la dengue qui touche plus durement les enfants, les conséquences des maladies sur les jeunes adultes seront plus sévères que chez les adolescents et les enfants.
Une lente dégradation de notre immunité à partir de 14 ans
Sur les 32 maladies répertoriées, la gravité de la maladie s’est révélée être au plus bas chez les enfants entre 5 et 14 ans, avant de progressivement remonter avec l’âge. Ainsi, pour des maladies comme la poliomyélite, la rougeole, le VIH, la fièvre typhoïde ou la méningite, les jeunes adultes sont plus sujets à développer des formes graves que les enfants et les adolescents. Si certaines pathologies, comme la Covid-19, la peste et les hépatites A et B sont plus mortelles pour les personnes âgées, elles ne sont pas moins graves pour les autres tranches d’âge.
“Nous savons que les nourrissons sont particulièrement vulnérables aux maladies infectieuses en raison de leur système immunitaire immature, et que les personnes âgées sont vulnérables en raison de la détérioration de leur système immunitaire. Mais on sait étonnamment peu de choses sur la manière dont la réponse à l'infection change entre ces deux extrêmes de l’âge, indique Judith Glynn, professeure au London School of Hygiene & Tropical Medicine et autrice principale de l’étude. La découverte que le ‘vieillissement immunitaire’ pourrait commencer dès le jeune âge adulte pourrait être un catalyseur pour de nouvelles approches très nécessaires sur la façon dont les médicaments et les vaccins sont conçus et programmés, bien que cette résistance à l'infection puisse être attribuable à d'autres aspects en dehors de la fonction immunitaire.”
Les différents paliers du système immunitaire
Cette découverte montre que notre immunosénescence, c’est-à-dire l’âge auquel notre immunité commence à se dégrader, pourrait arriver bien plus tôt que le pense actuellement la communauté scientifique.
Si notre immunité s’amenuise à l’adolescence, cette baisse comporte toutefois différents paliers. Ainsi, les maladies de la famille des coronavirus (SARS-CoV, MERS-CoV et SARS-CoV-2) deviennent dangereuses pour notre système immunitaire à partir de l’âge de 40 ans, tandis que des pathologies comme Ebola, le choléra, la scarlatine ou la fièvre de Lassa sont mortelles dès l’âge de 20 ans. D’autres maladies comme la brucellose ou l’hépatite B peuvent être contractées par des enfants mais ne deviendront réellement dangereuses qu’à la trentaine.
“Etonnement, les informations sur les réactions aux infections en fonction de l'âge n'ont jamais été réunies auparavant pour un large éventail d'infections, et les raisons des variations de gravité en dehors des extrêmes de l'âge n'ont guère été explorées, souligne Judith Glynn. Nos résultats suggèrent que la réponse immunitaire atteint son pic pendant l'âge scolaire, puis commence à diminuer beaucoup plus tôt qu'on ne le pense actuellement, dès l'âge de 15 ans dans certains cas. Nous observons également des profils d'âge dans les réponses immunitaires à certains vaccins, dans la manière dont le corps gère certaines infections virales persistantes et dans les marqueurs immunitaires, qui, ensemble, soutiennent notre interprétation.”
Une piste pour revoir la durée des vaccins
Etant donné que les adolescents et les adultes peuvent être potentiellement exposés à de plus grandes doses d’agents pathogènes, ce qui augmente le risque d’infection, il n’y a pour autant pas de corrélation entre la dose reçue et la sévérité de la maladie.
De plus amples recherches sont nécessaires pour comprendre les mécanismes du vieillissement immunitaire, ainsi que les raisons qui poussent les enfants à mieux résister à des maladies que les adultes. De cette nouvelle approche découlera sûrement des façons innovantes de concevoir les vaccins, en tenant compte de ces critères. A terme, cela pourrait même influencer les calendriers de vaccination tels que nous les connaissons.