- Une molécule déjà connue, le dolutegravir, pourrait voir son rôle amplifié dans la lutte contre le VIH.
- Cet antirétroviral fonctionne mieux que l'efavirenz, une autre molécule, et est mieux accepté par les patients.
Le VIH pourrait être mieux soigné chez les personnes qui sont résistances aux traitements. Des chercheurs de l’université de Colombie Britannique (Canada) ont mis en avant les avantages du dolutegravir pour traiter les personnes récemment infectées par le VIH. Cette étude, commandée par l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) et publiée le 16 octobre 2020 dans la revue en ligne EClininalMedicine, s’inscrit dans le cadre d’une mise à jour des directives sur le traitement antirétroviral du VIH. Cette nouvelle recherche vise à changer les recommandations internationales pour les nouveaux patients diagnostiqués par le VIH, ce qui représenterait environ deux millions de personnes dans le monde chaque année.
Dans ces conclusions, elle met en avant le rôle du dolutegravir comme traitement pour les personnes nouvellement infectées par le VIH. Le dolutegravir est une molécule antivirale utilisée pour combattre le VIH. Contrairement à d’autres molécules, il serait plus efficace, plus facile à prendre et comporterait moins d’effets secondaires pour le patient.
Une suspicion de risque pour les femmes enceintes
Si le dolutegravir a mis tant de temps à s’imposer comme alternative aux autres traitements, c’est notamment pour un risque d'effet secondaire chez les femmes enceintes. “Les recherches de l'OMS pour 2016 suggèrent que le dolutegravir est efficace et bien toléré, mais son efficacité et son innocuité parmi les populations clés, comme les femmes enceintes et les personnes vivant à la fois avec le VIH et la tuberculose, restent incertaines, commente le docteur Steve Kanters, doctorat à l’école de santé publique de l’université de Colombie Britannique. En 2018, de nouvelles recherches ont mis en garde contre une augmentation potentiellement grave du risque d'anomalies du tube neural chez les enfants de femmes qui sont devenues enceintes alors qu'elles suivaient ce traitement.” A cause de cette possible dangerosité, une autre molécule, l’efavirenz, a été préférée au dolutegravir pendant de nombreuses années.
Afin de lever le doute sur sa potentielle nocivité, les chercheurs canadiens ont réalisé une méta-analyse des recherches issues de 68 essais cliniques de thérapie antirétrovirale. Ils ont constaté que les effets du dolutegravir étaient supérieurs à ceux de l’efavirenz, notamment en ce qui concerne la suppression de la charge virale, sa tolérance et son innocuité. “Nous avons constaté une augmentation d'environ 5% de la probabilité de suppression virale, ce qui signifie que davantage de personnes qui commencent un traitement seront en mesure de contrôler avec succès leur VIH”, indique Steve Kanters.
Une chance pour les patients résistants aux autres traitements
De plus, le dolutegravir a l’avantage d’être plus efficace chez certaines personnes qui sont résistantes aux antirétroviraux de la famille de INNTI (Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse) dont l’efavirenz fait partie. Enfin, cette méta-analyse démontre également que le dolutegravir présente un taux similaire d’effets indésirables chez la femme enceinte (0,3%). “Les nouvelles données sur les anomalies du tube neural montrent que le risque lié au dolutegravir est beaucoup plus tolérable que ce que l'on pensait auparavant et devraient apaiser les craintes initiales concernant ce médicament. Le dolutegravir semble être là pour rester le traitement préféré des personnes nouvellement diagnostiquées avec le VIH, se félicite Steve Kanters. Cependant, il est important de reconnaître le bien que l'efavirenz a fait au cours des deux dernières décennies, car il a contribué à l'expansion de la thérapie antirétrovirale dans le monde entier.”
D’autres études devront déterminer si d’autres avantages à passer de l’efavirenz au dolutegravir sont à souligner chez les personnes qui n’arrivaient pas à contrôler l’infection. Pour l’instant, le seul effet secondaire du dolutegravir réside dans la prise de poids sur laquelle les chercheurs planchent déjà.