- Les biberons en polypropylène relâchent des microparticules de plastique lorsqu'ils sont chauffés.
- Ces microparticules se détachent sous l'action de l'eau chaude et du secouage du récipient.
- Plus le liquide versé dans le biberon est chaud et plus il y a de plastique libéré; à 25°C, on compte 600 000 particules, 16 millions à 70°C et 55 millions à 95°C.
Faites attention aux contenants dans lesquels vous mettez le lait pour bébé, cela peut s’avérer dangereux pour lui. Dans une étude parue dans Nature Food le 19 octobre 2020, des chercheurs du College Trinity de Dublin (Irlande) alertent sur les microplastiques contenus dans les biberons en polypropylène. En suivant les recommandations d’utilisation formulées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ces biberons lâcheraient jusqu’à 16 millions de microplastiques par litre.
Les produits à base de polypropylène sont souvent utilisés pour le stockage et la préparation de la nourriture, sans que l’on ne connaisse pour autant les effets des microplastiques qu’ils peuvent relâcher.
Très mauvaise résistance à la chaleur
Pour se rendre compte de la quantité de microplastiques qui pouvaient être libérées, les chercheurs ont soumis des biberons fabriqués dans ce matériau pendant 21 jours. Les différents biberons testés représentent 82% du marché mondial, l’alternative étant le biberon en verre.
Pour leur expérience, les scientifiques ont suivi le protocole de préparation de la nourriture pour bébés recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé. Pour ce faire, ils ont stérilisé un biberon vide dans de l’eau bouillante, puis l’ont rempli avec une eau à 70°C. Après avoir ajouté la poudre, ils ont secoué le biberon puis l’ont laissé refroidir jusqu’à ce qu’il soit prêt pour être consommé. Le liquide a ensuite été passé dans un filtre capable de retenir les particules jusqu’à 0,8 micron pour compter les microparticules. Le protocole a été répété avec trois préparations différentes (eau du robinet, eau déminéralisée et lait maternel).
Dans les trois cas de figure, un nombre similaire de microplastiques se retrouvaient piégés par le filtre. “Chaque biberon libère un million de particules microplastiques après avoir été exposé à une eau à 70 degrés, indique John Boland, ingénieur des matériaux au College Trinity de Dublin et coauteur de l’étude. Lorsque nous avons examiné ce qui est passé sous le filtre, nous avons constaté qu’il y avait généralement des trillions [un milliard de milliards, NDLR] de nanoparticules, tellement qu'il est difficile de les compter. Elles ont tendance à s’agglomérer les unes aux autres.”
De plus, les chercheurs se sont aperçus que la quantité de microplastiques variait avec la température; plus le biberon en polypropylène était chauffé et plus il relâchait de particules. Ainsi, un biberon secoué contenant de l’eau à 25°C libère 600 000 particules de plastique par litre. Lorsque la température de l’eau atteint 70°C comme dans leur expérience, on retrouve 16 200 000 de particules de microplastiques dans un litre d’eau. Avec de l’eau à 95°C, ce sont 55 millions de particules qui se sont détachées du flacon.
Réexaminer les directives de l’OMS
Pour les chercheurs, ces résultats s’expliquent par le matériau utilisé, mais également par la technique. Ainsi, secouer un liquide dans un biberon tend à décoller davantage de particules de plastique. De même, réchauffer des préparations pour bébé, en particulier au micro-onde, est une mauvaise idée. Enfin, plus que tout, c’est le processus de stérilisation en lui-même qui devrait être revu. “Le processus de stérilisation lui-même exacerbe le niveau de formation de microplastiques, de telle sorte que, si vous omettez l'étape de stérilisation, même si elle n'est pas sûre, vous réduisez le nombre de microplastiques qui sont réellement générés”, commente John Boland.
L’OMS recommande de stériliser les biberons avec de l’eau très chaude afin d’éliminer les bactéries qui pourraient être présentes. Toutefois, au vu de ces résultats, les chercheurs appellent les autorités sanitaires mondiales à réexaminer les directives de l’OMS sur la préparation des biberons pour bébé. De même, il serait selon eux judicieux de mettre en place des normes concernant la quantité de plastique que peuvent contenir les biberons pour bébés.
Ces résultats sont beaucoup plus élevés que ceux d’une étude datant de l’année dernière et parue dans la revue Environmental science & technology, qui estimait que nous ingérions entre 39 000 et 52 000 particules de microplastiques chaque année, sans compter ceux présents dans l’air (qui faisait monter ce chiffre à 74 000 particules).