Pour soigner la NASH (ou maladie du foie gras), la chirurgie bariatrique est une méthode radicale mais très efficace. “Au bout d’un an, 85% des malades opérés n’ont plus de NASH, avec une régression de la fibrose dans 30 à 40% des cas", a constaté le professeur Philippe Mathurin (Hôpital Huriez, du CHRU Lille) lors du 6e congrès Paris Nash Meeting digital. Les résultats à long terme sont aussi spectaculaires : “Cinq ans après l’opération, 85% des malades n’ont plus de NASH, avec une régression de la fibrose dans 60% des cas. Plus important encore : un malade sur deux qui avait une fibrose extensive, proche de la cirrhose, avant la chirurgie, n’avait plus de fibrose à cinq ans", poursuit l’expert international.
“La sélection des patients doit être drastique et rigoureuse”
Philippe Mathurin met tout de même en garde : “Il faut rappeler que la chirurgie bariatrique est limitée à un certain nombre de conditions (avoir un IMC entre 35 et 40 avec une comorbidité associée, ou un IMC supérieur à 40). C’est une procédure invasive, avec 0,3% de mortalité opératoire. La sélection des patients doit donc être drastique et rigoureuse.”
Pathologie associée au syndrome métabolique (obésité abdominale, cholestérol, diabète, hypertension, etc.), la NASH se caractérise par une accumulation de graisses dans le foie, qui survient en dehors de toute consommation excessive d'alcool. Sans traitement, elle peut aboutir à une cirrhose ou un cancer du foie.
“De nombreuses cibles thérapeutiques identifiées”
En 2019, en France, selon une étude réalisée à partir de la cohorte CONSTANCES, 16,7% de la population incluse présentait une NASH: 24,6% des hommes et 10,1% des femmes. Le nombre de cas augmente avec l'âge et atteint 36,2% chez les hommes de 68-78 ans. Enfin, elle concernerait 79,7% des obèses et 63% des diabétiques.
Hormis la chirurgie bariatrique, les professionnels de santé sont assez démunis face à la NASH, qui n’a pas de marqueurs. “On peut proposer aux malades des règles hygiéno-diététiques, de la vitamine E ou jouer sur le traitement antidiabétique, résume la professeure Lawrence Serfaty (hôpital de Hautepierre, CHU de Strasbourg). Il y a tout de même de nombreuses cibles thérapeutiques qui ont été identifiées dans cette maladie et une soixantaine de nouvelles molécules en cours d’évaluation sur tous les stades de la maladie (stéatose, inflammation, fibrose)", conclut la professeure d'hépatologie.