Ce n’est pas le miracle que promettait Donald Trump. Alors qu’en septembre dernier, le président américain s’enflammait sur la sérothérapie qui pourrait "sauver un nombre considérable de vies", une nouvelle étude pointe la faible efficacité du plasma sanguin pour guérir la Covid-19.
Publiés dans la revue médicale BMJ, ces nouveaux travaux menés par des chercheurs indiens concluent que "le plasma de convalescent a montré une efficacité limitée".
Une action antivirale limitée
Utilisée pour la première fois en 1892 contre le bacille responsable de la diphtérie, puis en 1918 pour combattre la grippe espagnole, la sérothérapie consiste à administrer à des malades de la Covid-19 du plasma sanguin de patients ayant guéri de la maladie. Considéré comme de “l’or liquide” par certains scientifiques, le plasma sanguin contient un grand nombre d’anticorps qui, injectés en grand nombre, permettraient au malade de développer des défenses immunitaires capables de combattre le virus SARS-CoV-2. Cette méthode a déjà fait ses preuves pour combattre le virus Ebola ou encore le SRAS, qui est de la même famille que le nouveau coronavirus.
Pourtant, cette nouvelle étude montre que le plasma sanguin n’est pas le traitement miracle attendu pour traiter la Covid-19. Financée par le Conseil indien pour la recherche médicale, l’étude randomisée a suivi entre avril et juillet 464 patients d’une moyenne d’âge de 52 ans ayant été hospitalisés. Parmi les deux groupes formés, le premier de 229 patients a reçu les soins habituels, tandis que le second a reçu deux transfusions de plasma sanguin provenant de patients guéris. Après une période de suivi de 28 jours, 44 participants (soit 19 %) du groupe plasma et 41 (soit 18 %) du groupe contrôle ont développé une forme grave de la maladie ou sont décédés.
En limitant la comparaison aux patients ayant reçu du plasma avec un niveau d'anticorps détectables, les résultats n'ont pas changé. En revanche, les transfusions de plasma ont permis une amélioration des difficultés respiratoires et de la fatigue, et le virus était moins souvent détectable après sept jours. "Le plasma de convalescence a fait exactement ce que les chercheurs espéraient - une action antivirale directe des anticorps neutralisants sur l'ARN du SRAS-CoV-2 - mais il n'y avait aucun bénéfice clinique net pour les patients", relatent les auteurs de l’étude.
Des résultats à relativiser
S’il s’agit d’un essai "rigoureux", comme le souligne dans le BMJ Elizabeth Pathak, spécialiste de la santé publique, il faut toutefois en relativiser les résultats. Ainsi, le National Health Service, le service de santé britannique, qui mène lui aussi des recherches sur le plasma sanguin, souligne que les auteurs de l’étude ont utilisé des dons de plasma contenant entre 6 et 10 fois moins d'anticorps que ceux collectés au Royaume-Uni. "Il y a d'autres éléments prometteurs indiquant que du plasma de convalescent avec des hauts niveaux d'anticorps pourrait améliorer le sort des patients", estime-t-il.