- La baisse de l’activité de dépistage a été estimée à 30% pendant la période de confinement, ce qui pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% d’ici à 5 ans
- Des opérations non urgentes pendant le confinement n'ont pas toutes été reprogrammées
- Les médecins insistent sur la nécessité pour les patients de continuer à se faire dépister et prendre en charge malgré la situation sanitaire actuelle
Augmentation de la mortalité par cancer estimée entre 2 et 5% d’ici à 5 ans
L’engorgement des hôpitaux fait craindre une situation similaire au printemps dernier. “Dès la mise en place du confinement le 17 mars, la totalité des dépistages systématiques des cancers du col de l'utérus, du sein ou encore de la prostate ont été totalement interrompus jusqu'au mois de juin, a rappelé Axel Kahn. Durant cette période, nous nous attendions à faire autour de 64 000 diagnostics. Grosso modo, nous n'en avons réalisé que la moitié.” La baisse de l’activité de dépistage a été estimé à 30% pendant la période de confinement, ce qui pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% d’ici à 5 ans.Les dépistages systématiques ont repris en juillet mais l’aggravation de la situation a fait réapparaitre le spectres de la première vague. Par ailleurs, “des opérations qui n'étaient pas urgentes à l'époque n'ont pas toutes été reprogrammées pour l’instant”, note le président de la Ligue contre le cancer. Celles-ci viennent s’ajouter aux nouveaux cas qui prennent du retard à être pris en charge, du dépistage au traitement. “Souvent, le patient tarde à consulter. Puis il lui faut trois à quatre mois pour accepter le diagnostic. Et avec le confinement, beaucoup ne sont venus nous consulter qu'en septembre”, regrette Julien Taieb, chef du service d'oncologie digestive de l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris.
Pas de lien entre chimiothérapie et Covid-19
“Nous avons vu la réapparition d'états catastrophiques, avec une prise en charge de métastases cérébrales que nous voyons rarement dans nos pathologies de cancers digestifs”, observe Julien Taied. Impossible pour l’heure de savoir si cela est dû au retard accumulé dans le dépistage et la prise en charge des patients ou au fait que les patients se soient présentés dans ces services en même temps. Le sur-risque de cancer pourrait s’aggraver en cas de deuxième vague. De quoi faire peur aux patients comme Valérie, atteinte d’un cancer et interrogée par Franceinfo, qui s’estime “être encore la victime collatérale de cette nouvelle vague”.Les médecins insistent sur la nécessité pour les patients de continuer à se faire dépister et prendre en charge malgré la situation sanitaire actuelle. “Il ne faut pas que l'effet collatéral soit pire que le mal”, assène Julien Taieb. Ils insistent sur la nécessité de venir à l’hôpital qui “n’est pas un lieu dangereux”, précise ce dernier qui se veut également rassurant quant à la possibilité pour les patients atteints de cancer de contracter la Covid-19. “La chimiothérapie ne favorise pas le Covid et celui-ci ne donne pas non plus une forme plus grave au cancer”, conclut-il.