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Cancer

Une nouvelle parade contre les métastases ?

Par La rédaction

Comment empêcher les cellules cancéreuses de se déplacer dans le corps ? Des chercheurs viennent d'identifier une molécule qui bloquerait la vascularisation des métastases.

Rasi Bhadramani/iStock
Une technique permettrait de limiter les déplacements des cellules cancéreuses dans l'organisme.
Après l'ablation chirurgicale de la tumeur, il serait possible de bloquer leur déplacement en supprimant l'angiopoïétine-2, un messager qui protège les cellules endothéliales des vaisseaux lymphatiques.
Pour l'instant, les résultats sont prometteurs chez la souris mais des expérimentations doivent également être menées chez l'être humain pour voir la portée de cette avancée.

Peut-on empêcher les cellules tumorales de migrer?  C’est à quoi se sont attelés des chercheurs de l’université d’Heidelberg (Allemagne). Ils ont découvert chez la souris qu’un anticorps spécifique peut provoquer la mort de certaines métastases et améliorer la survie de l’animal. Les résultats de leur étude ont été publiés le 26 octobre 2020 dans la revue Cancer Discovery. 

Le déplacement de la tumeur

A l’instar des tissus sains, les tissus cancéreux sont alimentés par deux systèmes vasculaires différents. En plus de l’oxygène et des nutriments fournis par les vaisseaux sanguins, les vaisseaux lymphatiques se chargent du transport des cellules du système immunitaire. Les tumeurs filles, aussi appelées métastases, peuvent utiliser ces canaux pour migrer dans le corps. 

Pour mieux observer le déplacement des cellules cancéreuses, les chercheurs ont mis au point un système permettant d’étudier le phénomène chez des souris. Grâce à cette technique, l’équipe a pu comprendre que les cellules cancéreuses migrent souvent en se servant des vaisseaux lymphatiques, en se servant notamment des ganglions lymphatiques comme de “points relais” pour former des métastases. 

La clé a été une transplantation directe de tissus tumoraux d'une souris à une autre sans culture cellulaire préalable, indique Nicolas Gengenbacher, premier auteur de l’étude. Dans ce modèle, la structure naturelle du tissu a été préservée et les tumeurs cancéreuses ont pu former des vaisseaux lymphatiques fonctionnels qui ont été reliés au système lymphatique - une condition préalable à la formation de métastases lymphogènes.”

Empêcher toute migration future

L’ablation chirurgicale chez la souris de la tumeur initiale a permis de simuler ce qu’il se passerait chez un vrai patient après une opération: les métastases seraient les derniers points de fixation de la maladie dans le corps. 

Afin de prédire leur futur développement, l’équipe s’est concentrée sur les cellules qui tapissent la paroi des vaisseaux lymphatiques. Ils se sont aperçus qu’une molécule messagère, appelée angiopoïétine-2, permettait aux cellules endothéliales de survivre malgré le développement des tumeurs. En bloquant la production d’angiopoïétine-2, les vaisseaux lymphatiques de la tumeur ne sont plus alimentés en nutriments et finissent par mourir. 

Il est surprenant de constater que nous avons pu empêcher efficacement la propagation des tumeurs chez les souris, même si nous avons bloqué l'angiopoïétine-2 peu de temps avant l'opération, explique Hellmut Augustin, responsable de l'étude. Cependant, nous n'avons pu montrer que l'effet thérapeutique du blocage de l'angiopoïétine-2 dans cette fenêtre de traitement chez les animaux de laboratoire. La question de savoir si cette approche aide également l'homme à lutter contre la propagation des tumeurs doit être clarifiée dans le cadre d'études complémentaires.”