La dépression post-partum touche entre 10 et 15% des femmes dans l’année suivant leur accouchement. Les principaux symptômes se manifestent généralement entre quatre et six semaines après la naissance. Mais selon des chercheurs américains, ils peuvent apparaître beaucoup plus tard chez certaines femmes. Dans leur étude parue dans la revue Pediatrics, ils constatent que la dépression post-partum peut persister jusqu’à trois ans après l’accouchement.
Des symptômes sur le long terme
Dans cette recherche, 5 000 femmes ont été interrogées et suivies trois ans après la naissance de leur enfant, né entre 2008 et 2010. Les scientifiques leur ont posé des questions sur leurs symptômes, sans établir de diagnostic clinique de la dépression. L’un de leurs premiers constats est que les femmes atteintes de troubles de l’humeur et/ou de diabète gestationnel étaient plus susceptibles de souffrir de symptômes dépressifs sur le long-terme. La principale information de leur étude concerne la durée de la dépression post-partum : 25% des femmes interrogées ont ressenti des symptômes dépressifs dans les trois ans après la naissance de leur enfant.
Une pathologie parfois difficile à déceler
La dépression post-partum "se présente souvent comme un état dépressif masqué, dont les symptômes non bruyants ne dérangent pas l'entourage qui ne les identifie donc pas comme des signes de dépression", précise la Revue médicale suisse. La dépression post-partum peut se manifester de différentes manières chez les mères : troubles du sommeil, hyperactivité, irritabilité, fatigue, etc. À terme, la mère, l’enfant et la famille en général peuvent souffrir des conséquences de cette pathologie.
La nécessité de réévaluer les recommandations
L’académie américaine de pédiatrie recommande aux médecins de surveiller d’éventuels symptômes dépressifs chez les mères lors des visites de contrôle à un mois, quatre mois et six mois après la naissance. Pour les auteurs de cette étude, la surveillance des symptômes de dépression post-partum devrait être allongée jusqu’à deux ans après la naissance de l’enfant. "Notre étude montre que six mois ne sont pas suffisants pour évaluer les symptômes dépressifs", souligne Diane Putnick, l’une des autrices de cette recherche.
En France, en septembre 2020, le secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles a déclaré que les visites à domicile après la naissance seraient plus nombreuses à l’avenir pour prévenir la dépression post-partum, dans une interview au Journal du Dimanche. Elles seront organisées à deux moments considérés comme des pics pour les symptômes dépressifs : la cinquième semaine après l’accouchement et le troisième mois.