- La démence frapperait plus les personnes qui ont des métiers manuels pénibles que ceux qui ont un emploi sédentaire.
- L'activité physique soumise à notre corps est beaucoup trop intense pour notre corps, ce qui le dégrade aussi mentalement.
Dans un métier manuel, il n’y a pas que les muscles, les articulations et le squelette qui souffrent. Selon les chercheurs de l’université de Copenhague (Danemark), les personnes qui font des métiers durs et manuels ont 55% de risque supplémentaire de développer une forme de démence par rapport à ceux qui travaillent de manière sédentaire. Les conclusions de cette étude ont été publiées le 10 octobre 2020 dans le Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports.
Deux types d’activité physique
Dans l’inconscient collectif, le fait d’avoir une activité physique régulière permettrait de se maintenir en bonne santé et favoriserait un mode de vie sain. Mais toutes les activités physiques ne se valent pas.
“Le guide de l'OMS pour la prévention de la démence et des maladies dans son ensemble mentionne l'activité physique comme un facteur important. Mais notre étude suggère qu'il doit s'agir d'une ‘bonne’ forme d'activité physique, ce qui n'est pas le cas du travail physique. Les autorités sanitaires devraient donc faire la différence entre l'activité physique pendant le temps libre et l'activité physique au travail, car il y a des raisons de croire que les deux formes d'activités physiques ont des effets opposés, indique Kirsten Nabe-Nielsen, professeure de santé publique à l’université de Copenhague. Des études antérieures ont suggéré que le travail physique intense peut avoir un effet négatif sur la circulation sanguine du cœur et sur l'apport sanguin au cerveau. Cela peut par exemple conduire au développement de maladies cardiovasculaires comme l'hypertension, les caillots sanguins dans le cœur, les crampes cardiaques et de l'insuffisance cardiaque.” Cela pourrait-il mener jusqu’à la démence?
Abîmer le corps et l’esprit
Pour étayer cette hypothèse, les chercheurs se sont basés sur les données d’une étude longitudinale danoise de 1970, qui a analysé 4 721 hommes âgés à l’époque de 40 ans, et les tâches qu’ils effectuaient quotidiennement au travail. Au fil des ans, les chercheurs ont compilé des données sur la santé de ces hommes, y compris sur l’évolution de cas de démence. Lorsque l’étude s’est arrêtée en 2016, ils se sont aperçus que les participants qui effectuaient des métiers manuels étaient en moins bonne santé physique et mentale que ceux qui avaient des métiers sédentaires.
“De nombreux lieux de travail ont déjà pris des mesures pour améliorer la santé de leur personnel. Le problème est que c'est la partie de la population la plus instruite qui utilise ces initiatives, déplore Andreas Holtermann, professeur au Centre national de recherche de l’environnement de travail au Danemark et co-auteur de l’étude. Les personnes ayant un niveau d'éducation plus faible sont souvent confrontées au surpoids, à la douleur et à une mauvaise condition physique, même si elles font plus de pas pendant la journée et utilisent davantage leur corps comme un outil. Pour les ouvriers, il ne suffit pas, par exemple, d'éviter de soulever des charges lourdes s'ils souhaitent rester dans la profession jusqu'à 70 ans. Les personnes ayant une formation plus courte et effectuant des travaux manuels doivent également prendre des mesures préventives en renforçant les capacités de leur corps, par exemple par le biais d'exercices et de musculation.”
Andres Holtermann et ses collègues continuent de travailler pour identifier des moyens plus sains d’effectuer un travail physique difficile ou intense. En coordonnant son travail avec des professionnels de santé et des assistants sociaux, il souhaite organiser dans les entreprises des interventions pour modifier les différentes manières de travailler.