Le nouveau coronavirus s’attaque principalement aux poumons, mais d’autres organes peuvent être touchés par le virus. Des patients ont développé des troubles rénaux, alors qu’ils n’en souffraient pas avant de contracter le virus. En Chine, des enfants testés positifs avaient pour uniques symptômes des troubles gastro-intestinaux. D’autres personnes ont développé des complications neurologiques comme des crises d’épilepsie ou des accidents vasculaires cérébraux. Des scientifiques du Bayor College of Medicine, aux États-Unis, ont mené une étude pour comprendre les effets du virus sur le cerveau.
Une simple coïncidence ?
Leur analyse s’est appuyée sur 84 recherches réalisées sur les électro-encéphalogrammes de patients ayant souffert de la Covid-19. Ces examens médicaux consistent à étudier l’activité électrique dans le cerveau pour repérer d’éventuelles anomalies. Les chercheurs ont rassemblé l’ensemble des données pour étudier les points communs entre les différents cas. Au total, un tiers des patients avait une anomalie dans la zone du lobe frontal, liée au langage et à la coordination motrice. "Nous avons constaté que plus de 600 patients étaient affectés de cette manière, raconte le Dr Zulfi Haneef, professeur assistant de neurologie et de neurophysiologie au sein du Baylor College of Medicine. Au début, lorsque nous avons constaté cela dans de petits groupes, nous ne savions pas s’il s’agissait uniquement d’une coïncidence." Aujourd’hui, leurs résultats prouvent qu’il y a bien un lien entre la Covid-19 et ces anomalies cérébrales.
D’autres analyses sont nécessaires
Pour l’instant, les scientifiques ne peuvent pas dire pourquoi cette zone du cerveau est concernée. Ils ont toutefois une hypothèse : "nous savons que le point d’entrée du virus le plus courant est le nez, donc il y a un possible lien, comme c'est la partie du cerveau qui est juste à côté." Les liens entre coronavirus et cerveau posent encore beaucoup de questions à la communauté scientifique. Par exemple, les chercheurs ne savent pas si les anomalies cérébrales sont causées directement par le virus ou sont liées au manque d’oxygène associé à la Covid-19 ou aux problèmes cardiaques qu’elle provoque. "Ces découvertes nous montrent qu’il est nécessaire de faire des électro-encéphalogrammes sur un échantillon plus large de patients, et d’autres types d’imagerie cérébrale, comme les IRM ou les scanners, pour avoir un meilleur aperçu du lobe frontal", précise le Dr Zulfi Haneef.
Des dommages irréversibles
En cette période de deuxième vague en France et en Europe, le chercheur insiste sur la nécessité de prendre le virus au sérieux. "Beaucoup de gens pensent qu’ils vont tomber malade, aller mieux et que tout reviendra comme avant, ajoute-t-il, mais ces résultats nous montrent qu’il peut y avoir des conséquences à long terme." Il rappelle que le cerveau ne peut pas se régénérer, ce qui veut dire que si cet organe est endommagé, il est possible d’avoir des séquelles à vie.