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Mois sans tabac

Pourquoi fumer ne protège pas du coronavirus

Alors que des premières études ont pu laisser penser que les fumeurs sont mieux protégés contre le virus, il est avéré que fumer augmente les risques d’infection à la Covid-19.

Pourquoi fumer ne protège pas du coronavirus




L'ESSENTIEL
  • Fumer augmente les risques d'infection grave en favorisant l'infection des cellules saines par le virus.
  • Le risque de progression de la maladie chez les fumeurs ou les anciens fumeurs est presque double par rapport aux malades qui n’ont jamais fumé.
Pendant un moment, il est apparu que fumer du tabac pouvait protéger contre la Covid-19. Dans une étude parue le 30 avril dernier dans le New England Journal of Medicine, des chercheurs chinois ont indiqué que la proportion des fumeurs parmi les personnes infectées était de 12,6% alors que la proportion des fumeurs en Chine s’élève à 28%. Même constat en France où, début avril, des données de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont montré que sur les 11 000 patients hospitalisés pour cause de Covid-19 depuis le début de l’épidémie, 8,5 % étaient fumeurs tandis que 25,4 % de la population générale consomme du tabac.

Le tabac favorise l’infection des poumons par le virus

Mais ces conclusions qui n'étaient basées que sur des observations et ont été depuis balayées. Plusieurs études se sont penchés sur les effets de la nicotine en rapport à la Covid-19 et ont conclu à une l’aggravation des risques. C’est notamment le cas d’une recherche menée par des scientifiques américains de la de la Texas Tech University Health Sciences Center (TTUHSC) dont les résultats ont été publiés le 30 mai dans l’International Journal of Molecular Sciences. Elle confirme que les fumeurs et utilisateurs de e-cigarettes sont plus vulnérables à l’infection par le coronavirus en décrivant comment la cigarette altère le système immunitaire et vasculaire, et déclenche un dysfonctionnement cérébrovasculaire et neurologique.

Les chercheurs ont montré comment fumer augmente les risques d’infection grave. Le coronavirus SARS-CoV-2 entre et infecte les cellules saines par les récepteurs de l’enzyme ACE2 qui se trouve principalement dans les poumons. Or, cet enzyme est plus largement exprimé par les cellules des alvéoles pulmonaires chez les personnes qui fument. Les fumeurs ont donc plus de risque d’être infectés par le virus et de développer une forme sévère de Covid-19 puisque leur consommation augmente les chances pour le virus de se lier et d’infecter les cellules pulmonaires.

Confinement, attention à la consommation

Ces conclusions ont été confirmées par une méta-analyse parue le 11 mai dernier dans la revue Nicotine & Tobacco Research. Des chercheurs américains de l’université de Californie à San Francisco ont comparé 19 publications scientifiques internationales sur le sujet. Ils ont constaté que le risque de progression de la maladie chez les fumeurs ou les anciens fumeurs est presque double par rapport aux malades qui n’ont jamais fumé. En outre, quand la Covid-19 s’aggrave, les fumeurs développent davantage de complications pouvant conduire au décès.

La question de la transmission du virus qui pourrait être favorisée par la fumée de tabac s’est également posée. Elle a notamment conduit le gouvernement espagnol à interdire de fumer si une distanciation physique de 2 mètres ne peut être respectée. Néanmoins, aucune preuve scientifique n’est venue appuyer cette décision qui relève plus d’une mesure barrière. Un fumeur baisse son masque pour pouvoir tirer sur sa cigarette et en expulsant sa fumée peut également lâcher des microgouttelettes qui sont, elles, vecteur de transmission de la Covid-19.

Pendant le confinement du printemps dernier, Santé publique France a relevé une hausse de la consommation de tabac. Parmi les fumeurs, 27% ont déclaré avoir fumé davantage. Alors qu’un nouveau confinement semble se profiler, l’agence gouvernemental renforce son dispositif de lutte contre le tabagisme qui tue environ 75 000 personnes par an. “Le Covid-19 n'est pas la seule menace sanitaire”, a ainsi rappelé Geneviève Chêne, la directrice générale de Santé publique France.



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