- Même avec un bras immobilisé, l'autre bras est capable de faire gagner en force pour les deux.
- Dans son expérience, un scientifique démontre que la perte musculaire pour un bras immobilisé est moindre si des exercices en excentriques sont réalisés avec l'autre bras.
Notre force peut-elle se déplacer d’un muscle à l’autre, pour peu qu’ils soient antagonistes? C’est la question que se sont posés les chercheurs de l’université Edith Cowan (Australie). D’après leur conclusion, des exercices faits sur un seul bras à la fois sont meilleurs pour construire du muscle tout en minimisant la fonte musculaire, même sur le bras qui n’est pas sollicité. L’étude a été publiée le 8 septembre 2020 dans le Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports
Travailler les muscles en excentrique
L’intérêt de cette recherche est essentiel pour les personnes qui sont incapables de bouger les deux membres à la fois pendant un exercice, notamment à la suite d’une blessure. Ce genre d’exercice fonctionne dans les endroits où le muscle fonctionne avec son antagoniste, c’est-à-dire qui fait face à un autre muscle et qui travaillent simultanément. Par exemple, lorsque vous soulevez un haltère pour l’emmener jusqu’à votre épaule, votre biceps se contracte mais votre triceps se détend: c’est un travail concentrique. Lorsque vous relâchez doucement cette haltère en direction du sol, votre biceps se décontracte et votre triceps prend le relai: c’est un travail excentrique.
Pour Ken Nosaka, chercheur à l’école de science médicale de la santé de l’université Edith Cowan, les résultats d’une prise de muscle diffèrent selon la technique utilisée.
Pour en avoir le cœur net, il a demandé à trente volontaires, divisés en trois groupes, de garder leur bras immobilisé huit heures par jour pendant un mois. Avec l’autre bras, ils ont dû effectuer des soulevés d’haltères. Le premier sous-groupe n’a fait que des exercices excentriques. Le deuxième sous-groupe a eu des entraînements combinant des exercices excentriques et concentriques, tandis que le dernier groupe (le groupe test), n’a absolument rien fait.
A la fin de l’expérience, le premier groupe (qui n’a fait que des exercices excentriques) a montré une augmentation de la force sur le bras actif et une atrophie musculaire de 2% sur le bras immobilisé. En comparaison, chez le groupe qui n’a pas fait de sport, la perte de volume musculaire sur le bras immobilisé est de 28%.
Redéfinir la rééducation musculaire
“Les participants qui ont fait des exercices excentriques ont eu la plus grande augmentation de force dans les deux bras, donc cela a un effet de transfert croisé très puissant, indique Ken Nosaka. Je pense que cela pourrait changer la façon dont nous abordons la rééducation des personnes qui ont temporairement perdu l'usage d'un bras ou d'une jambe. En commençant immédiatement la rééducation et l'exercice dans le membre non blessé, nous pouvons prévenir les dommages musculaires induits par l'exercice dans l'autre membre et aussi développer la force sans du tout le solliciter”, a-t-il noté.
Avant de voir une nouvelle manière de travailler la rééducation des muscles, Ken Nosaka souhaite étendre ses recherches sur d’autres groupes musculaires qui fonctionnent avec leurs antagonistes. “Dans cette étude, nous nous sommes concentrés sur les fléchisseurs du coude, car ce muscle est souvent utilisé comme modèle pour examiner les effets de l'immobilisation sur la force et la taille, et bien sûr, c'est un muscle important pour le mouvement du bras, souligne le chercheur, fier de sa découverte. À l'avenir, nous espérons examiner comment l'exercice excentrique peut aider à améliorer la fonction motrice, le mouvement et le contrôle des muscles fins, ce qui est particulièrement important pour les patients victimes d'un accident vasculaire cérébral et pour la réadaptation.”