L’automne ressemblera drôlement au printemps cette année. Hier soir, le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le reconfinement du pays jusqu’au 1er décembre a minima. Dans la nuit de jeudi à vendredi (ou à partir de jeudi 21h pour les zones concernées par le couvre-feu), les déplacements en extérieur seront fortement réduits et la majorité des Français seront invitées à rester chez eux.
Le premier confinement a laissé des traces. Dans son rapport annuel dévoilé le 5 octobre 2020 sur l’utilisation des médicaments durant le confinement, le groupement d’intérêt scientifique Epi-phare a souligné la forte augmentation de consommation d'anxiolytiques. En tout, entre la fin du confinement et les semaines qui ont suivi, c’est plus d’un million de traitements supplémentaires qui ont été délivrés par rapport à ce qui était attendu.
Veiller coûte que coûte à garder un rythme de vie
“Un week-end à ne rien faire, c’est sympa; une semaine à ne rien faire, c’est déprimant, indique Benjamin Lubszynski, coach et psychothérapeute. Le niveau d’activité joue énormément sur l’humeur et l’anxiété. Moins vous faites de choses, plus vous aurez tendance à être stressé et déprimé. Toutes les situations où les gens sont peu actifs, que ce soit le chômage, la retraite ou la maladie, créent de l’anxiété, et cela demande beaucoup d’organisation pour la contrecarrer.”
Si la déprime a autant touché les Français lors du premier confinement, c’est notamment à cause de nos rythmes de vies qui ont été chamboulés. Habituellement, les obligations temporelles qui régissent notre quotidien (le réveil tous les jours à la même heure, emmener les enfants à l’école, arriver au bureau à l’heure, etc.) sont autant de jalons qui nous servent de cadre. Le développement du télétravail, les cours en ligne et le recours aux livraisons des courses sont autant de barrières qui rendent notre perception du temps beaucoup plus flexible. Ajoutez à cela la tentation de rester affalé sur son canapé à regarder la télévision toute la journée et de se coucher à n’importe quelle heure et vous avez la recette parfaite pour vous enfoncer dans l’anxiété.
Quatre règles à respecter
La solution pour ne pas sombrer dans la déprime durant ce nouveau confinement passe par l’instauration d’un cadre qu’il faut s’imposer à soi-même. Pour Benjamin Lubszynski, pour tenir le coup durant tout le confinement, quatre principes sont à respecter. “Le premier c’est le sommeil, en se couchant toujours à la même heure et en se réveillant au bout de huit heures. C’est basique, mais cela limite grandement le stress et la dépression.”
En effet, comme le précise l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), le confinement peut perturber notre horloge biologique, c’est la raison pour laquelle il faut s’astreindre à garder peu ou prou le même rythme. Même en enchainant les grasses matinées, la qualité du sommeil ne sera pas optimale. En dormant, notre corps produit de la mélatonine, une hormone qui joue sur notre horloge biologique mais également sur notre humeur et notre système immunitaire. Elle est donc essentielle pour combattre la déprime.
Le deuxième principe à respecter, c’est de rester vraiment actif, et d’occuper sa journée. “Le mieux c’est d’avoir une vraie journée chargée avec huit heures d’activité. Si on a la chance de télétravailler, il faut s’y mettre à fond. Si on n’a pas cette chance, il faut trouver des moyens de s’occuper, parce que deux heures de jeux vidéo, deux heures devant la télé, deux heures de réseaux sociaux, c’est bien, mais sur une journée c’est déprimant”, insiste le psychothérapeute.
Le troisième principe consiste à maintenir une activité physique régulière. Si différentes études ont montré que les Français ont pris entre deux et trois kilos durant le confinement du printemps, il est nécessaire de sortir prendre l’air en séance de sport. Grâce au confinement, les séances de sport à faire chez soi se sont également démocratisées, il est donc très facile de trouver des cours en ligne.
Se recentrer sur l’essentiel
Enfin, le plus important pour éviter l’anxiété c’est de se focaliser sur l’essentiel. Et de prendre de la distance avec une actualité sombre. Beaucoup de Français se sentent impuissant face au décompte quotidien des morts et des contaminés. Cette omniprésence du coronavirus et de ses conséquences renforce le sentiment d’anxiété qui vient avec le confinement.
“Plus le message est clair et plus l’anxiété diminue. Si le message est flou, vous allez avoir une augmentation de l’anxiété, un sentiment d’impuissance et l’impression très désagréable d’être piégé, parce qu’on a tous une légère tendance à être claustrophobe, et c’est normal.
C’est pourquoi le quatrième principe passe par la relaxation. “Plus vous allez faire de relaxation et plus votre niveau de stress baissera, assure le psychothérapeute. La relaxation va dans le sens inverse de l’anxiété créée par le confinement, parce qu’on a moins la sensation de ‘subir’ la situation mais plutôt de ‘construire’ quelque chose d’autre.”