- La vitamine D permettrait d'éviter la tempête de cytokine, responsable des formes graves de la Covid-19.
- Des chercheurs espagnols se sont aperçus que 80% des patients qu'ils recevaient présentaient des carences en vitamine D.
- Chez les personnes présentant des taux de vitamines D corrects ou qui prennent des gélules de vitamine D, les admissions en soins intensifs pour cause de Covid-19 sont bien moins importants.
Et si la vitamine D jouait un rôle dans la propagation de la Covid-19? C’est une observation proposée par des chercheurs de l’hôpital universitaire Marqués de Valdecilla, à Santander (Espagne). Ils se sont rendus compte que près de 80% des patients atteints par la Covid-19 présentaient des carences en vitamine D. Les résultats de leur étude ont été publiés le 27 octobre 2020 dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.
La vitamine D, présente en grande quantité dans les oeufs, le lait, les poissons gras et leurs huiles, assure diverses fonctions de l’organisme. Grâce à elle, il est possible de renforcer notre système immunitaire et de mieux protéger nos os, nos cellules nos muscles et notre cœur.
Soutien des globules blancs
En mai dernier, l’Académie nationale de médecine mettait en avant les bienfaits de la vitamine D “dans la régulation et la suppression de la réponse inflammatoire cytokinique à l’origine du syndrome de détresse respiratoire aigu qui caractérise les formes sévères et souvent létales de Covid-19”. Cette “tempête de cytokines” qui se joue dans notre corps est le résultat d’une insuffisance du système immunitaire. Lorsque celui-ci est débordé, il produit une hyperinflammation qui empêche très fortement le malade à respirer correctement. Dans ce cas présent, la vitamine D viendrait en soutien des globules blancs pour limiter cette fameuse tempête.
Dans cette étude, les chercheurs espagnols ont analysé les niveaux de vitamine D de 216 patients atteints par le coronavirus et admis à l’hôpital de Santander entre le 10 et le 31 mars 2020. Leurs niveaux de vitamines D ont été comparés à ceux de 197 autres patients (groupe-test) répartis partout dans le pays. Sur les 216 personnes hospitalisées, 19 avaient reçu des compléments enrichis en vitamine D plus de trois mois avant leur admission à l’hôpital.
De meilleurs résultats grâce à la vitamine D
Sur tous les patients hospitalisés pour des cas de Covid-19, 82% d’entre eux présentaient un déficit de vitamine D, quand ce taux n’excédait pas 47% pour le groupe contrôle. De plus, le déficit en vitamine D était beaucoup plus marqué chez les hommes que chez les femmes. Chez les personnes qui avaient reçu des compléments en vitamines D, les résultats étaient plus favorables, et leurs admissions en soins intensifs étaient beaucoup moins nombreuses.
“Beaucoup de facteurs peuvent expliquer pourquoi les hommes atteints de la Covid-19 ont des taux de vitamines D plus faibles que ceux des femmes, indique Jose Hernandez, co-auteur de l’étude et docteur en neurophysiologie à l’université de Cantabrie, situé à Santander. Cela peut se jouer notamment dans les habitudes de vie, le régime alimentaire ou d’autres comorbidités.”
L’équipe de recherche s’est intéressée à la vitamine D car ils avaient émis l’hypothèse qu’elle pouvait jouer un rôle dans l’infection à la Covid-19. Selon eux, ces résultats montrent de manière indéniable qu’un déficit en vitamine D serait également à l’origine d’infections telles que la grippe ou l’hépatite C.
Utiliser la vitamine D en traitement préventif
Toutefois, bien qu’ils aient pu établir un lien entre le déficit en vitamine D et l’infection à la Covid-19, cela n’explique pas pour autant la gravité de la maladie. “Les formes les plus graves de Covid-19 sont caractérisées par un état hyperinflammatoire, appelé ‘tempête de cytokines’, qui se produit au cours de la première semaine d'apparition des symptômes, et qui a conduit à un syndrome de détresse respiratoire aiguë et à d'autres complications organiques entraînant une mortalité accrue, souligne Jose Hernandez. Nous avons également remarqué que les patients Covid-19 avec des carences en vitamine D avaient des taux sériques de ferritine et de D-dimères plus élevés, qui sont des marqueurs de cette réponse hyperinflammatoire.”
Selon Jose Hernandez, au vu du faible coût des traitements à la vitamine D, il serait judicieux de traiter les personnes saines mais carencées avec de la vitamine D. Ce traitement devrait se faire selon lui en priorité sur les personnes âgées et celles présentant des risques de développer des formes graves de Covid-19.