- Pourquoi docteur - A-t-on identifié de nouveaux facteurs de risque de cancer du sein ?
Professeur Gilles Freyer - Ces dernières années, on a mieux précisé le risque génétique du cancer du sein, qui l’emporte de très loin devant tous les autres facteurs de risque. Une femme porteuse d’une prédisposition génétique a un risque de développer un cancer du sein compris entre 60 et 80%.
Favorisent également le cancer du sein : le tabac, une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique, une puberté précoce, une ménopause tardive, l’obésité et avoir des enfants tardivement. Concernant l’alcool, c’est un facteur de risque ténu, qu’il est toujours difficile de mettre en évidence.
- De ce fait, y a-t-il de nouvelles règles hygiéno-diététiques à respecter au quotidien ?
Les règles hygiéno-diététiques qui préviennent le cancer du sein et limitent les récidives restent les mêmes :
- avoir une alimentation saine, proche du régime crétois, avec pas trop de graisses animales, beaucoup de légumes et de fruits, peu d’alcool, des repas réguliers et des quantités raisonnables.
- avoir une activité physique régulière, d’intensité moyenne, trois heures par semaine, comme la marche rapide par exemple.
En revanche, l’offre d’activité physique évolue, concernant surtout les personnes très sédentaires, qui n’arrivent pas à faire de l’activité physique malgré les recommandations. Je pense notamment aux programmes d’efforts courts, conçus par des professionnels de santé, qui permettent de faire en dix minutes l’équivalent de 40 minutes d’exercice, sans risque cardiaque. Il y a aussi de plus en plus d’associations spécialisées dans la promotion d’une activité physique adaptée à chacun.
Je milite également pour que l’on aille vers moins de culpabilisation des personnes qui ne trouvent pas le temps ou la volonté de faire trois heures d’activité physique par semaine. Mieux vaut essayer de faire un peu d’exercice que pas du tout, par exemple en montant les marches plutôt qu’en prenant l’ascenseur, ou en allant faire ses courses en marchant plutôt qu’en voiture.
- Que dire aujourd’hui à propos du dépistage ? Les recommandations évoluent-elles ?
Concernant la population non à risque, les règles sont toujours les mêmes : il est recommandé à toute femme de plus de 50 ans de réaliser une mammographie de dépistage tous les deux ans.
Pour les femmes plus jeunes, il y a en revanche une vraie sophistication des dépistages des cancers du sein, avec par exemple les IRM mammaires en cas de prédisposition génétique, ou l’évaluation de la densité mammaire. Dans ces cas précis, le dépistage se fait de plus en plus à la carte, en fonction du risque individuel.
- Qu’a-t-on appris sur les biomarqueurs au cours de ces cinq dernières années ?
Nous avons développé des armes thérapeutiques spécifiques, qui prennent appui sur la prédisposition génétique au cancer du sein elle-même, car cette fragilité se retrouve dans les cellules tumorales. On peut par exemple citer les inhibiteurs de PARP, qui sont une nouvelle classe de molécules prometteuses en oncologie. Leur bénéfice dans le traitement des cancers du sein et de l'ovaire chez les patientes porteuses de mutations BRCA1 et BRCA2 est avéré.
- En plein développement dans les autres cancers, l’immunologie a-t-elle récemment fait ses preuves sur le cancer du sein ?
L'emballement pour l’immunothérapie en cancérologie mammaire est en train de retomber, car les résultats de grandes études qui ont été lancées il y a quelques années sont globalement décevants. Cependant, les combinaisons avec la chimiothérapie sont aujourd’hui à l’étude.
- Quels sont les défis de demain ?
En cancérologie mammaire, on guérit aujourd’hui 85% des cancers du sein, avec des progrès remarquables sur les vingt dernières années. Le plus dur concerne les 20% de patientes qui restent : il faut qu’on trouve comment les guérir ou comment transformer leur cancer du sein en pathologie chronique, un peu comme avec le VIH.
Professeur Gilles Freyer - Ces dernières années, on a mieux précisé le risque génétique du cancer du sein, qui l’emporte de très loin devant tous les autres facteurs de risque. Une femme porteuse d’une prédisposition génétique a un risque de développer un cancer du sein compris entre 60 et 80%.
Favorisent également le cancer du sein : le tabac, une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique, une puberté précoce, une ménopause tardive, l’obésité et avoir des enfants tardivement. Concernant l’alcool, c’est un facteur de risque ténu, qu’il est toujours difficile de mettre en évidence.
- De ce fait, y a-t-il de nouvelles règles hygiéno-diététiques à respecter au quotidien ?
Les règles hygiéno-diététiques qui préviennent le cancer du sein et limitent les récidives restent les mêmes :
- avoir une alimentation saine, proche du régime crétois, avec pas trop de graisses animales, beaucoup de légumes et de fruits, peu d’alcool, des repas réguliers et des quantités raisonnables.
- avoir une activité physique régulière, d’intensité moyenne, trois heures par semaine, comme la marche rapide par exemple.
En revanche, l’offre d’activité physique évolue, concernant surtout les personnes très sédentaires, qui n’arrivent pas à faire de l’activité physique malgré les recommandations. Je pense notamment aux programmes d’efforts courts, conçus par des professionnels de santé, qui permettent de faire en dix minutes l’équivalent de 40 minutes d’exercice, sans risque cardiaque. Il y a aussi de plus en plus d’associations spécialisées dans la promotion d’une activité physique adaptée à chacun.
Je milite également pour que l’on aille vers moins de culpabilisation des personnes qui ne trouvent pas le temps ou la volonté de faire trois heures d’activité physique par semaine. Mieux vaut essayer de faire un peu d’exercice que pas du tout, par exemple en montant les marches plutôt qu’en prenant l’ascenseur, ou en allant faire ses courses en marchant plutôt qu’en voiture.
- Que dire aujourd’hui à propos du dépistage ? Les recommandations évoluent-elles ?
Concernant la population non à risque, les règles sont toujours les mêmes : il est recommandé à toute femme de plus de 50 ans de réaliser une mammographie de dépistage tous les deux ans.
Pour les femmes plus jeunes, il y a en revanche une vraie sophistication des dépistages des cancers du sein, avec par exemple les IRM mammaires en cas de prédisposition génétique, ou l’évaluation de la densité mammaire. Dans ces cas précis, le dépistage se fait de plus en plus à la carte, en fonction du risque individuel.
- Qu’a-t-on appris sur les biomarqueurs au cours de ces cinq dernières années ?
Nous avons développé des armes thérapeutiques spécifiques, qui prennent appui sur la prédisposition génétique au cancer du sein elle-même, car cette fragilité se retrouve dans les cellules tumorales. On peut par exemple citer les inhibiteurs de PARP, qui sont une nouvelle classe de molécules prometteuses en oncologie. Leur bénéfice dans le traitement des cancers du sein et de l'ovaire chez les patientes porteuses de mutations BRCA1 et BRCA2 est avéré.
- En plein développement dans les autres cancers, l’immunologie a-t-elle récemment fait ses preuves sur le cancer du sein ?
L'emballement pour l’immunothérapie en cancérologie mammaire est en train de retomber, car les résultats de grandes études qui ont été lancées il y a quelques années sont globalement décevants. Cependant, les combinaisons avec la chimiothérapie sont aujourd’hui à l’étude.
- Quels sont les défis de demain ?
En cancérologie mammaire, on guérit aujourd’hui 85% des cancers du sein, avec des progrès remarquables sur les vingt dernières années. Le plus dur concerne les 20% de patientes qui restent : il faut qu’on trouve comment les guérir ou comment transformer leur cancer du sein en pathologie chronique, un peu comme avec le VIH.